Sorociné

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ABIGAIL - Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett

Copyright Universal Pictures México

La fille du vampire

Au milieu de la nuit, des cris d’horreur percent le silence d’un manoir abandonné. Abigail est un huis clos monstrueux sans prétention, qui confirme qu’on ne se lassera jamais des histoires de vampires. 

Les films d’horreur parlent de nos angoisses réelles. C’est avec cette idée qu’il faut aller voir Abigail, le dernier film du duo spécialiste de l’horreur Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, à qui l'on doit les deux plus récentes itérations de la franchise Scream. Ce nouveau long-métrage, inspiré librement de La Fille de Dracula (1936), explore les relations parent-enfant, le rapport au pouvoir et même la sororité. 

Une bande de mercenaires aussi cool que les Ocean's Eleven kidnappent la fille d'un homme puissant lié aux forces du mal. Chargé de la surveiller pendant 24 heures dans un manoir vétuste, le groupe, qui pense avoir accompli le plus dur de leur mission, n'est pas au bout de ses surprises. En effet, la petite ballerine Abigail est un monstre à la merci de son père distant. Nos héros en danger tentent alors de s’échapper de ce cauchemar et de trouver les réponses aux mystères qui entourent la famille d’Abigail. 

On se délecte à chercher des significations plus larges dans le récit horrifique d’Abigail. Dans une quasi quête initiatique, l’enfant apprendra le pardon, la reconnaissance des manquements de son père et l’importance d’une famille choisie, mais aussi la méfiance envers les hommes et comment les renverser. La scène finale jubilatoire entre les deux protagonistes féminins agit comme un écroulement du patriarcat par l’alliance de deux femmes. Par ailleurs, on peut déceler dans Abigail un certain discours sur l’héritage et les rapports de classe sociale. Abigail fait partie d’une lignée vampirique qui domine le monde économique par la criminalité et porte en elle les traces de cette tyrannie, qu’elle finit par remettre en question.

Entre son rythme haletant, ses quelques traits d’humour (voulus ou non), et ses discours politico-philosophiques (juste assez profonds pour être intéressants), Abigail tire son épingle du jeu et possède toutes les qualités d’un bon film d’horreur. 

NOÉMIE ATTIA