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Festival Chéries-Chéris : Framing Agnes, Orlando

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Faire et défaire le genre : le making-of

En lice pour le Prix du meilleur documentaire Chéries-Chéris, Framing Agnes et Orlando nous plongent dans les coulisses de l’assignation genrée.


Entre le sublime Les Filles d’Olfa et le non moins sublime Flee, le documentaire méta a le vent en poupe ces dernières années. Framing Agnes de Chase Joynt et Orlando de Paul B. Preciado en sont les preuves flagrantes : les deux documentaires présentés en compétition au Festival Chéries-Chéris racontent et nous montrent comment raconter. Ils dévoilent les secrets de fabrication des présences trans dans l’espace public, avec la philopoétique chez Preciado et l’élaboration d’un trompe-l'œil érudit dans Framing Agnes.

D’après Paul B. Preciado, les premières images de femmes trans connues les mettent en scène descendant d’un avion, qu’elles ont pris pour se faire opérer dans un autre pays. Comme si elles débarquaient d’une autre planète. Pourtant, elles ont toujours existé. C’est ce que fait valoir Chase Joynt dans Framing Agnes : le réalisateur mobilise des acteur·ices pour redonner vie aux femmes et hommes transgenres étudié·es par le médecin Harold Garfinkel à partir des années 1950. Superposant le vécu de son formidable casting – il faudrait tous et toutes les citer, tant il est inhabituel de voir autant d’acteur·ices trans à l’écran – avec celui de figures historiques méconnues du grand public, il hybride aussi le dispositif : un mélange noir et blanc entre un talk-show racoleur et un entretien clinique, soit les deux cadres dans lesquels les personnes trans étaient visibles. Sous-titré Ma biographie politique, Orlando recrée la procédure psychiatrique avec un plaisir narquois. Il transfigure le roman de Virginia Woolf en un rêve de fièvre intello peuplé de petits Orlandos en puissance.


Le programme de l’évènement est à retrouver sur le site de Chéries-Chéris