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Festival Chéries-Chéris : RÉPÉTITION GÉNÉRALE - Molly Gordon et Nick Lieberman

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Don’t rain on my parade 

Premier long-métrage de Molly Gordon et Nick Lieberman, Répétition générale (présenté en séance événement du Festival Chéries-Chéris) est un mockumentary facétieux narrant le quotidien rocambolesque d’un camp d’été et célébrant avec beaucoup d’humour son amour pour les comédies musicales et les arts de la scène.

Répétition générale, ou Theater Camp en version originale, est une comédie musicale. Son titre original joue sur la polysémie du mot camp. Il est évidemment un camp d’été dédié aux arts de la scène et à la performance scénique, mais il est aussi un film dit camp – notion théorisée par l’essayiste américaine Susan Sontag, où les identités queer sont souveraines.

On y suit le parcours compliqué de Troy, cis-hétéro blanc trentenaire à l’attitude de frat boy, qui, à la suite du coma de sa mère – scène d’ouverture particulièrement grotesque – la remplace à la direction du camp, le temps d’un été. Entre problèmes financiers, theater kids et collègues over-the-top, Troy va passer l’été le plus éprouvant de sa vie. Écrit et réalisé par Nick Lieberman et Molly Gordon avec l’aide au scénario de Noah Galvin et Ben Platt – ces trois derniers jouent également dans le film – Répétition générale est une lettre d’amour à Broadway et aux performeur·euses qui lui ont dédié leur vie. Gordon, Galvin et Platt sont d’ailleurs d’anciens theater kids. Le film s’inscrit dans les codes du genre de la comédie qu’il détourne légèrement. Ainsi, au pays d’AdirondACTS, la queerness est la norme et la bro attitude de Troy, une anomalie. Se déploie alors une galerie sémillante de personnages d'éducateur·ices et de campeur·euses qui offrent un timing comique particulièrement énergique au film, car s’il crée un environnement de safe place, Répétition générale n’oublie jamais qu’il est drôle. Il sait rire de et avec chacun de ses personnages, aussi bien les enseignant·es dévoué·es à leurs arts que les élèves déjà performeur·euses professionnel·les et passionné·es.

Comédie d’initiés, son humour peut dérouter les néophytes avec son amour des comédies musicales et ses références queer, mais le film qui tourne à plein régime ne laissera pas le temps à ces spectateur·ices de se sentir lésés tant il dégaine des punchlines à la minute. Avec son esthétique de mockumentary – à la The Office ou Parks & Rec – et son montage très cut, Répétition générale est une comédie efficace. Le film manque tout de même de tenue narrative et ne développe pas suffisamment ses personnages. Aussi drôles, fabuleux et névrosés soient-ils, on a beaucoup de mal à s’attacher aux adultes. Les personnages adolescents fonctionnent mieux tant les jeunes comédiens débordent de talent, mais le film ressemble à un enchaînement de vignettes et manque de cohésion d’ensemble. Il aurait gagné à être moins en surface, mais comme tout bon musical, la dernière séquence du film et le numéro final du spectacle sont impeccables, très émouvants et le miracle finit par opérer.

LISA DURAND