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COMME À LA MAISON - Novembre 2021, spécial Halloween

Fini les sempiternels « Qu’est ce qu’on regarde ce soir ? » et les longues errances sur Netflix ! Chaque mois, on vous propose quelques recommandations de films disponibles en VOD ou SVOD à travers une thématique féministe, et/ou avec une femme derrière la caméra. Une chose est sûre, il y en aura pour tous les goûts.

Et qui dit 31 octobre, dit Halloween, nous vous avons concocté un programme riche en frissons. Au programme ce mois-ci : un récit gothique, du folklore philippin, des jumeaux démoniaques, une vampire skate-bordeuse, des sorcières, des succubes, un coming of age horrifique et du body-horror.

LA RECOMMANDATION DE ... LAURA

TRESE : ENTRE DEUX MONDES - Budjette Tan, Kajo Baldissimo (2021) disponible sur Netflix

Synopsis : À Manille, les créatures mythiques du folklore philippin vivent cachées parmi les humains. Alexandra Trese fait face à un monde souterrain composé d'êtres surnaturels malveillants…

Adaptée du komik (bande dessinée philippine) Trese, écrit par Budjette Tan et Kajo Baldisimo, la série Trese : entre deux mondes se sert du folklore philippin pour mieux sonder l’horreur d’une ville en proie à une guerre humains/créatures mythiques. Avec une animation dynamique, qui n’hésite pas à offrir des purs moments d’action (attention hémoglobine très présente !), la série s’intéresse à une héroïne badass Alexandra Trese, médiatrice des deux mondes, une sorte de sorcière disciplinée et froide au lourd passé. Dans une ambiance polar noir intense, la série nous invite en six épisodes de vingt minutes à enquêter et à se confronter à une violence sourde, qui vient autant parler de violence sexiste et sexuelle envers les femmes que de la violence policière. Rien que le générique, morbide sous fond de magie noire, nous met dans le bain. Série parfaite pour frissonner à Halloween !

LA RECOMMANDATION DE ... PAULINE

THE HAUNTING OF BLY MANOR, Ep 8 : Histoire singulière de quelques vieux habits - Axelle Carolyn (2020) disponible sur Netflix

Synopsis : Les sombres origines de Bly Manor sont dévoilées. Viola, ancienne maîtresse des lieux à la volonté de fer, se consume de rage, prenant au piège toutes les âmes alentour.

Dans un écrin noir et blanc sublime, la caméra d’Axelle Carolyn capte la beauté d’un récit qui n’a pas d’époque. Épousant l’histoire scénarisée par Leah Fong, la cinéaste embrasse, au sein d’un seul épisode, toute la mélancolie des fantômes maussades et nostalgiques créés par Mike Flanagan. Puissant et bouleversant, cet épisode peut s’admirer seul tant il est écrit comme un histoire, un conte, une fable que l’on se raconte autour d’un feu, un soir d’Halloween. 

LA RECOMMANDATION DE ... AMANDINE

GOODNIGHT MOMMY - Veronika Franz et Severin Fiala (2014) disponible sur Shadowz

Synopsis : En plein été, dans une maison de campagne perdue au milieu des champs de maïs et des bois, des jumeaux de dix ans attendent le retour de leur mère. Lorsqu’elle revient à la maison, le visage entièrement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, les enfants mettent en doute son identité…

Avec une mise en scène des plus minimalistes - on pense inévitablement à la froideur d'un Haneke -, Goodnight Mommy laisse infuser le trouble dans un quotidien pourtant ordinaire. Lukas et Elias, jumeaux à l'écran et dans la vraie vie, doutent de l'identité de celle qui prétend être leur mère, revenue à la maison le visage tuméfié suite à un grave accident. Goodnight Mommy commence comme une sorte de home-invasion où le boogeyman quasi-fantômatique se cache sous les traits rassurants d'une mère. Et puis lentement, le film dévoile un jeu particulièrement pervers qui s'installe sans crier gare, et bascule dans un final d'une cruauté à la limite du soutenable. Le duo Veronika Franz et Severin Fiala signe un premier long-métrage glacial et désespéré qui malmène ses spectateur‧ices avec un sadisme assumé.

LA RECOMMANDATION DE ... MANON

JENNIFER'S BODY - Karyn Kusama (2009) disponible sur Disney +

Synopsis : Lycéenne dans une petite ville américaine, Jennifer est une beauté fatale à qui aucun garçon ne résiste. Cette bombe cache pourtant un petit secret : elle est possédée par un effroyable démon. Mangeuse d'hommes à tous les sens du terme, elle se transforme peu à peu en créature pâle, maladive et meurtrière... Needy, sa discrète amie d'enfance, va désespérément tenter de protéger les jeunes hommes de la ville, à commencer par son petit ami Chip...

Jennifer's Body a fait parler de lui à sa sortie grâce à la présence de Megan Fox, alors hissée au rang de sex symbol suite à sa performance dans Transformers. Le film a déçu, il a été mal, voire très mal reçu par la critique. Mais, si Jennifer’s Body n’est pas parfait (l’écriture est parfois un peu brouillonne), il a le mérite d’être clairement réévalué de nos jours, puisqu’il étudie la question de la sexualisation des jeunes actrices. C’est également une comédie plutôt juste sur l’adolescence, les rivalités entre filles et le fossé qui se creuse entre celles qui prennent le temps d’expérimenter et celles qui ont déjà tout tenté. 

LA RECOMMANDATION DE ... LISA

A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT - Ana Lily Amirpour (2014) disponible sur Canal VOD et Shadowz

Synopsis : Dans la ville étrange de Bad City, lieu de tous les vices où suintent la mort et la solitude, les habitants n’imaginent pas qu’un vampire les surveille. Mais quand l’amour entre en jeu, la passion rouge sang éclate…

Avec ce premier film la réalisatrice Ana Lily Amirpour fait le pari réussi d’une ré-imagination du film de vampire en langue persane, baigné dans un noir et blanc mystérieux et somptueusement travaillé rappelant l’esthétique des comics de Frank Miller, notamment sa série d’albums Sin City.  On suit, fasciné, son héroïne vampire skate-bordeuse portant un tchador noir lors de ses errances meurtrières dans les rues de la désertique Bad City. Cette héroïne a d’ailleurs des airs de l’actrice Elina Löwensohn période Hal Hartley pour la marinière et la musique rock mais l’attitude de la Löwensohn du Nadja , autre film de vampire, de Michael Almereyda. Le film invite à la contemplation, et se fait minimaliste dans l’utilisation de l’horreur ; le tout rehaussé d’une musique planante avec quelques incursions pop et dance. Il devient l’écrin « parfait » pour cet « ange » exterminateur d’un genre nouveau.

LA RECOMMANDATION DE ... MARIANA

JUNIOR - Julia Ducournau (2011) disponible sur ARTE TV et Shadowz

Synopsis : Justine, dite Junior, 13 ans, des boutons et un sens de l’humour bien à elle, est un garçon manqué un brin misogyne. Alors qu’on lui a diagnostiqué une gastroentérite fulgurante, le corps de Junior devient le théâtre d’une métamorphose étrange…

On ne présente déjà plus Julia Ducournau, après la déferlante Titane et sa Palme d’Or controversée. Son premier court-métrage Junior nous fait rentrer dans les prémices de ce qui allait devenir Grave cinq ans plus tard : métamorphose horrifique de la puberté, violence de l’hypersexualisation, réappropriation du nouveau corps et exploration de la sexualité féminine. Avec une tonalité comique et un visuel écœurant, Junior retranscrit dans un style unique et déconcertant l’effroi de la métamorphose adolescente et le dégoût de soi, en renvoyant toujours le public à son propre corps et à ses sensations intimes. Un court-métrage perturbant, visuellement surprenant dans ses scènes d’horreur, à regarder impérativement en-dehors des repas !

LA RECOMMANDATION DE ... LÉON

TEETH - Mitchell Lichtenstein (2008) disponible sur Canal VOD

Synopsis : Dawn, une adolescente fermement résolue à rester chaste jusqu’au mariage, voit ses résolutions mises à rude épreuve en pleine puberté. Après une expérience traumatique, elle fait une découverte effroyable : son vagin est doté de dents. Mais cet attribut physique si particulier est-il un poids ou une arme ?

Il avait fait grand bruit à sa sortie le 7 mai 2008. Le coming of age horrifique de Mitchell Lichtenstein est maintenant disponible sur Canal VOD. Avec un style distinctif qui évoque inéluctablement les années 2000s et son humour gore déconseillé aux plus sensibles, Teeth livre une perspective unique de la culture du viol sans se prendre trop au sérieux.

LA RECOMMANDATION DE ... ESTHER

THE WITCH - Robert Eggers (2015) disponible sur OCS

Synopsis : 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s'établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d'une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres...

Premier long-métrage de Robert Eggers - qui signe avec ce film une entrée fracassante dans le cinéma de genre - The Witch se déroule au 17ème siècle en Nouvelle-Angleterre, quand des colons débarqués d'Angleterre s'installaient aux Etats-Unis afin d'y créer des communautés religieuses.  Le film débute avec l’exclusion d’une famille d’une de ces communautés, qui s'installe dans une chaumière à la lisière d'une forêt, dont les enfants n'ont pas le droit de s'approcher. Quand des événements étranges commencent à survenir, auxquels la fille aînée Thomasin ne semble pas étrangère, la famille va petit à petit sombrer dans la folie. La reconstitution historique participe à l'ambiance inquiétante et obscurantiste de The Witch, où costumes, décors et lumières naturelles composent des tableaux magnifiques, rappelant ceux de Georges de la Tour. Le film interroge l’acte de devenir sorcière : à force d'exclure ses femmes, ne serait-ce pas la société qui les pousse à devenir sorcières ? Une double révélation, celle d'un cinéaste américain incarnant la promesse d'une œuvre au style oppressant et époustouflant, et celle d'Anya Taylor-Joy, dont le talent incroyable est visible dès ce premier film. Un summum du cinéma d'horreur. 

À l'occasion du Champs-Elysées Film Festival, nous revenions sur la figure mythique de Marylin Monroe dans notre dernier épisode d'octobre :

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