Sorociné

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COMME A LA MAISON - Décembre 2022

Fini les sempiternels « Qu’est ce qu’on regarde ce soir ? » et les longues errances sur Netflix ! Chaque mois, on vous propose quelques recommandations de films disponibles en VOD ou SVOD à travers une thématique féministe, et/ou avec une femme derrière la caméra. Une chose est sûre, il y en aura pour tous les goûts.

Et ce mois-ci, on entre dans la période des fêtes de fin d’années : sortez les sapins, les petits-fours et la bonne humeur ! Sorociné a concocté un programme feel-good bien doudou pour réchauffer un peu les cœurs dans le froid de décembre.


LA RECOMMANDATION DE… MANON

Little Miss Sunshine - Jonathan Dayton et Valerie Faris - 2006 - disponible sur Disney+

Synopsis : Dans la famille Hoover, le père, Richard, tente désespérément de vendre son "Parcours vers le succès en 9 étapes". La mère, Sheryl, tente de dissimuler les travers de son frère, spécialiste suicidaire de Proust fraîchement sorti de l'hôpital après avoir été congédié par son amant. Les enfants Hoover ne sont pas non plus dépourvus de rêves improbables : la fille de 7 ans, Olive, se rêve en reine de beauté, tandis que son frère Dwayne a fait vœu de silence jusqu'à son entrée à l'Air Force Academy. Quand Olive décroche une invitation à concourir pour le titre très sélectif de Little Miss Sunshine en Californie, toute la famille décide de faire corps derrière elle. Les voilà donc entassés dans leur break Volkswagen rouillé, mettant le cap vers l’Ouest…

Fermez les yeux et imaginez la parfaite famille américaine. Le père, entrepreneur à succès. La mère, douce femme au foyer toujours présente pour sa famille. Le grand-père, doux et pantouflard. L’oncle, éternel blagueur. Le fils, fraichement engagé dans l’armée pour défendre sa nation. La fille, adorable bouille d’ange. De ce portrait, on ne garde que la dernière figure au visage rond, qui rêve de concours de beauté comme beaucoup d’autres petites filles de son âge – concours de beauté dans lesquels les mini miss, comme on les appelle, sont souvent instrumentalisées par leurs parents, sexualisées avant qu’elles connaissent même la définition de puberté. Little Miss Sunshine est le road-movie d’une famille de loosers dont les craintes sont celles de vous et moi. C’est autour de l’enfant innocente et de ses rêves de paillettes que se construit à la fois la triste réalité, le quotidien dans ce qu’il a de plus morne, et la tendresse, l’amour que peut apporter une famille. Le film est une montagne russe, illustration complète de « comédie dramatique », on passe sans cesse du rire aux larmes mais on vous promet que c’est bel et bien le rire qui gagne.


LA RECOMMANDATION DE… LISA

Dash & Lily - crée par Joe Tracz - 2020

Saison 1 disponible sur Netflix

Synopsis : C'est Noël, et Dash le désabusé et Lily l'enjouée échangent messages et défis dans un carnet rouge aux quatre coins de New York. Qui a dit que les contraires s'attirent ?

Chaque année, Novembre à peine arrivé et déjà les plateformes nous abreuvent de contenus festifs, enneigés et régressifs pour nous faire oublier le mauvais temps – pour le meilleur et surtout le pire. On garde le meilleur avec la sémillante Dash & Lily, mini-série de 2020, adapté d'une trilogie de roman de Rachel Cohn et David Levithan. La série suit la romance naissante et épistolaire des personnages éponymes. Elle, est introvertie, fantasque et inconditionnelle des fêtes de fin d'année. Lui, est solitaire, sarcastique, souhaiterait que le réchauffement climatique fasse fondre le Pôle Nord. Leur terrain commun : la littérature. Pourtant c'est Noël et "sa magie' qui vont les mettre sur la voie de l'autre, via un jeu de pistes matérialisé par un audacieux carnet rouge – véritable troisième personnage de cette idylle. Prometteuse et honnête sur sa facture, le récit ménage astucieusement ces effets, offrant une bouffée d'air dans une sous-catégorie bouchonnée et sirupeuse. On se laisse porter – comme Dash (Austin Abrams) le septique –  par l'enthousiasme de Lily (Midori Francis).

Si vous avez aimé, n'hésitez pas aussi, à jeter un coup d’œil au film Un nuit à New York avec Kat Dennings et Michael Cera ; adapté lui aussi d'un bouquin de Cohn et Levithan. New York est toujours là et la musique indé remplace la littérature.


LA RECOMMANDATION DE… LEON

Booksmart - Olivia Wilde - 2019 - disponible sur Netflix

Synopsis : Alors que les années-lycée touchent à leur fin, Molly et Amy réalisent qu'elles n'en ont pas vraiment profité. La veille du bal de promo, elles décident de rattraper en une nuit tout ce qu'elles ont manqué en quatre ans.

Réalisé par Olivia Wilde avant la monstrueuse polémique de Don't Worry Darling, Booksmart est une bouffée d'air frais dans le paysage des teen movies. Décalé et tendre, il s'extrait du manichéisme qui aurait opposé deux "looseuses" à un groupe d'ados populaires et décérébrés. Riche d'une petite séquence animée totalement inattendue et des performances d'un casting sincère, il réchauffe le coeur en cette froide saison, et redonne une deuxième jeunesse par production.


LA RECOMMANDATION DE… MARIANA

Le Diable s’habille en Prada - David Frankel - 2006 - disponible sur Disney+

Synopsis : Fraîchement diplômée, Andrea débarque à New York et décroche le job de rêve. Mais en tant qu'assistante de la tyrannique rédactrice en chef d'un prestigieux magazine de mode, elle va vite découvrir ce que le mot "enfer" veut dire...

Andy Sachs aurait-elle dû démissionner de son poste d’assistante, ou se syndiquer avec les autres salarié.e.s de Runway ? Qui est le véritable méchant du film, Miranda Priestly ou Nate, le petit ami d’Andy, qui dénigre son travail et lui reproche de trop s’investir dans son nouvel emploi ? Au prisme du féminisme post-MeToo, certains films cultes et pop des années 2000 revêtent une signification nouvelle, parfois aux antipodes de leur lecture d’origine. C’est le cas du Diable s’habille en Prada, film estampillé “féminin” à sa sortie : on y suit la bredouillante Andy Sachs faire ses armes dans le monde intransigeant de la mode, sous l’égide de la non moins intransigeante Miranda, représentation à peine voilée d’Anna Wintour. Si le film reste évidemment problématique par bien des aspects (le fait de présenter la mannequin Anne Hataway comme “grosse” tout en faisant une taille 36, ou de ne pas questionner un système de travail rythmé par l’humiliation et les burn-outs permanents), il reste délicieux à revisionner pour la verve de son trio féminin, la prestation iconique de Meryl Streep, et le bonheur de voir un personnage féminin se donner corps et âme dans un travail qui la passionne jusqu’à en maîtriser les codes. Surtout, Le Diable s’habille en Prada questionne probablement davantage maintenant qu’en 2006 : pourquoi les amis d’Andy tiennent-ils systématiquement à dénigrer son travail ? Pourquoi la trajectoire amère de Miranda Priestly et le délitement du couple Andy-Nate nourrissent-ils le sentiment qu’une femme doit forcément payer sa volonté de faire carrière ?