COMME UNE LOUVE - Caroline Glorion
Quand une mère montre les crocs
L’exposé de Caroline Glorion sur la persécution des mères célibataires ne manque pas de bonnes intentions, mais de vie.
Dans l’offre toujours plus florissante du catalogue Netflix, Maid est sans doute l’une des meilleures surprises de 2021. La mini-série de Molly Smith Metzler dévoile avec finesse la difficulté des femmes victimes de violences conjugales à s’extraire de leur environnement, et l’injustice du système à leur égard. Des thématiques au centre de Comme une lLouve, deuxième film de Caroline Glorion où une jeune maman précaire se bat pour la garde de ses enfants. Mais là où Maid parvient à retranscrire tout le chaos intrinsèque à l’appareil administratif et judiciaire, Comme une louve ploie sous les couches de clichés.
Une cause noble laborieusement narrée
De manière générale, la mention « Inspiré d’une histoire vraie » est aussi impérieuse que dirigiste - elle dicte au spectateur comment réagir face au miroir de la réalité que le film va lui tendre. En l’occurrence, s’indigner pour Lili, cette jeune mère féroce et pétillante prise en grippe par les services sociaux qui veulent lui retirer ses enfants. Pour elle, et pour toutes celles qui existent : Caroline Glorion s’assure de ne jamais nous faire oublier que la situation de son héroïne n’est pas totalement fictive, en joignant au générique de fin des photographies et un carton explicatif.
Les bonnes intentions vont de soi, mais Comme une louve se repose un peu trop sur la noblesse de sa cause. Le film aurait gagné, notamment, à sortir de la schématisation grossière de ses personnages, dont la logique demeure opaque tout du long. Leur but est contredit par leurs actions en permanence - Lili, à la croisée d’une Adèle Exarchopoulos et d’une héroïne d’Andrea Arnold, cumule les erreurs de parcours sans aucune remise en question. Les rôles secondaires cabotinent et n’existent pas au-delà de leur fonction narrative (l’avocate peu crédible qui ne mâche pas ses mots, la mentor bourrue et bienveillante…). Un grand gâchis pour ce film qui ne manque pas de cœur, mais de direction.
LEON CATTAN