ENTRE LES VAGUES - Champs-Élysées Film Festival
Présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs en juillet dernier, Entre les vagues, premier long-métrage de la réalisatrice, scénariste et monteuse, Anaïs Volpé est cette année en compétition à la 10ème édition du Champs-Élysées Film Festival. Avec son duo d'actrices formé par Déborah Lukumuena et Souheila Yacoub, la cinéaste aborde l'amitié dans toute sa splendeur.
Amiesoeurs
Un carton de fin qui apparait après une scène d'une force incroyable. Blanc sur noir, le mot "amiesoeurs" apparait et les larmes, qui coulaient jusqu'à présent, furent encore plus denses. Entre les vagues est une perle d'une grande rareté. Le long-métrage d'Anaïs Volpé est le récit d'une amitié entre femmes. Un lien trop souvent caricatural (chamailleries et coup bas sont trop souvent de la partie) ou peu exploité au cinéma. Les amitiés féminines sont souvent éclipsées ; à l'image des personnages féminins trop souvent isolés ou mis en compétition lorsqu'ils sont multiples. Pourtant le film s'ouvre sur une bagarre. Sur une scène de théâtre comme pour montrer aux spectateur·rices une image connue presque réconfortante, deux jeunes femmes se battent, coups de poings et paroles grossières sont jetées avec une grande agressivité. Elles sont séparées puis invitées à se retirer. Ce n'est que lorsqu'elles sortiront du théâtre, par une petite porte arrière, que l'on découvrira qu'en réalité cette scène était jouée et orchestrée par les deux protagonistes.
Avec cette forte première scène Anaïs Volpé brise déjà les codes. Alma (jouée par Déborah Lukumuena) et Margot (incarnée par Souheila Yacoub) nous sont directement attachantes et brillent comme deux étoiles. Fraîches, jeunes et libres, elles forment un tourbillon, une énergie. Toutes les deux sont emportées par leur rêve commun : devenir comédienne. Mais à l'encontre des règles du métier qui voudrait que les comédiennes soient toujours les unes contre les autres, elles ne seront jamais en compétition et toujours bienveillantes l'une envers l'autre comme lorsque Alma décroche un rôle pour lequel elles avaient toutes les deux auditionnées. C'est finalement Margot qui en sera sa doublure, comme si elles formaient toutes les deux un même corps, une même personne. Comme un récit presque utopique, la cinéaste livre une déclaration d'amour : à ces deux personnages mais aussi aux amitiés féminines comme en témoigne ce carton de fin dédiées aux femmes de sa vie.
Sororité, j'écris ton nom
Comme Chloé Delaume et son ouvrage collectif, la réalisatrice aborde le lien entre sœurs qui ne sont pas forcément des liens du sang. Alma et Margot se sont choisies, elles se sont rencontrées et ont fait construit un chemin ensemble. Comme un "mariage" d'amitié elles se consolent, rigolent, pleurent et sont là, dans la santé comme dans la maladie. C'est d'ailleurs, comme beaucoup de longues relations, que cette dernière prendra fin... dans la maladie. Si l'on regrette un scénario qui manque parfois un peu de subtilité, notamment dans les scènes dramatiques, Anaïs Volpé nous embarque sur le fleuve de son histoire bouleversante.
Loin de n'évoquer qu'au sein de son récit ce puissant lien où l'amitié est remis au centre des relations d'amour (ici, il n'est pas question d'une histoire d'amour en tant que telle), la réalisatrice évoque, par le biais de sublimes scènes, les cinéastes qui l'ont inspirées et l'on pense notamment Chantal Akerman et son News from Home lors des plans New Yorkais. Comme pour marquer une volonté de rendre, elle aussi, en tant que réalisatrice, hommage à une autre femme.
Entre les vagues est une oeuvre qui emporte et transporte dans un tourbillon d'émotions, parfois un peu poussives mais profondément authentiques où son duo d'actrice, Déborah Lukumuena et Souheila Yacoub, y est brillant.
Réalisé par Anaïs Volpé
Avec Déborah Lukumuena, Souheila Yacoub
Rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Deux meilleures amies, l’envie de découvrir le monde. Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables.
En salles le 16 mars 2022