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HOUSE OF GUCCI - Ridley Scott

Amour, Gloire et Beauté 

En 2001, l’autrice Sara Gay Forden publiait La Saga Gucci : Du Luxe Au Meurtre, De La Création À La Guerre Boursière qui retraçait l’histoire vraie de l’empire Gucci, entre trahisons, argent et meurtre. La fresque familiale offrait sur un plateau d’argent le romanesque idéal pour une adaptation sur grand écran, à l’instar de l’affaire Versace dans la deuxième saison de American Crime Story. À peine un mois après le réussi Le Derniel Duel, Ridley Scott plonge dans le monde du luxe avec House of Gucci.

Une chose est sûre, House of Gucci ne fait jamais dans la dentelle. Sur ses 2h37, le film déroule le tapis rouge à son casting cinq étoiles qu’il propulse dans un monde de faux-semblants. Derrière la vitrine attrayante du nom Gucci se cache un nid à requins, prêt à tout pour se hisser à la tête de l’empire. À commencer par Patrizia Reggiani, prolétaire avant d’épouser Maurizio Gucci, héritier de la maison Gucci, qui se laisse emporter par le vice et l’argent au point de vouloir toujours plus. Seule femme dans un monde d’homme, elle ruse afin d’assouvir son pouvoir, jusqu’à s’en faire évincer. 

Oui mais voilà. Si l’on y devine le récit d’une ascension sociale, House of Gucci ne raconte pas grand chose. Derrière la farce grotesque, Ridley Scott déploie son petit cirque où chaque personnage y va de son numéro. L’excès propre au monde du luxe devient alors un prétexte pour son beau casting de s’adonner à ses plus belles cabrioles et de verser dans une démesure pas toujours maîtrisée. Si la farce fonctionne et amuse un temps par son excentricité, le film oublie tout simplement de transcender la vulgarité, cumulant les éléments biographiques avec une platitude qui fait peine à voir. 

Pourtant, un tel ramassis de mauvais goût laisse étinceler une dimension camp pas désagréable. Derrière l’outrance assumée, elle se niche davantage dans cette artificialité accidentelle. On a parfois l’impression que les personnages ne jouent pas le même film, à commencer par Jared Leto et son interprétation très personnelle de l’accent italien, à des années lumières de tous les personnages du film. Si on ne lui reprochera pas des costumes toujours on fleek, House of Gucci oscille de manière incertaine entre ironie et premier degré pour un résultat des plus bancals qui sonne souvent creux.

Si l’habit ne fait pas le moine, le camp ne fait pas le film. Difficile alors de se contenter du mauvais goût pour un film qui se veut être à l’image excessive de la marque, mais dont la seule réussite est celui d’être excessivement long. De House of Gucci, on retiendra surtout les performances lunaires d’un casting pourtant alléchant, à qui l’on semble avoir donné un script différent. 


Réalisé par Ridley Scott

Avec Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto ...

À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque...

En salle le 24 novembre 2021