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LA FRACTURE - Festival de Cannes

Après Un Amour impossible, Catherine Corsini est de retour avec La Fracture, un film aussi drôle qu’émouvant porté par un quatuor d’actrices et d’acteur remarquables. En plein Covid et alors que la France a traversé bien des crises (gilets jaunes, grève des hôpitaux, multiplication des forces de l'ordre), la cinéaste offre un huis clos où les grèves générales forment un tout prêt à éclater.

Multiples fractures

Fracture physique, fracture sociale, fracture gouvernementale. Le long-métrage de la réalisatrice Catherine Corsini est, comme son titre l'indique, une fissure dans laquelle une brèche s'allume. Construit dans un quasi huis clos, le film aborde la France d'aujourd'hui à travers quatre figures authentiques : un gilet jaune mutilé (Pio Marmaï), une infirmière au bord du burn-out (brillamment incarnée par la révélation Aïssatou Diallo Sagna) et un couple au bord de la rupture (joué par une Marina Foï fidèle à elle-même et une Valeria Bruni Teschini magistrale). C'est la rencontre de ses « gueules cassées » que la cinéaste filme. Des personnalités qui, a priori, ne devaient pas se rencontrer mais qui par la situation infernale française se croisent en se touchant (et s'énervant) mutuellement.

La coupe est pleine

La finesse de la réalisatrice se déploie au sein de l'arc narratif de Kim, une infirmière chaleureuse qui manque, comme ses collègues, de temps et de moyen. Enchaînant les nuits blanches, les blessures à soigner et un bébé à gérer, son humanité que l'on tente de robotiser se retrouve dans un plan sublime et subtile où sa main caresse celle d'une personne âgé en fin de vie. C'est un petit rien qui montre tous les enjeux de ce film. Dans une euphorie difficile à gérer et au sein de multiples fractures, le scénario s'attarde sur les petits gestes et l'entraide dans un univers où les classes sociales se retrouvent (sans pour autant se consoler).

L'intelligence d'écriture retransmet admirablement les limites de l'entraide qui, lorsqu'une bourgeoise et un routier précaire (dont la pauvreté le forcera à se mettre en danger pour rentrer faire son travail) vont se lier d'amitié pendant une soirée (bien que les reproches mutuelles les empêchent de réellement s'apprécier). Une fin de journée qui se terminera par une reprise de liberté (dans une chaise roulante piquer à l'hosto) pour l'une et un retour du bâton pour l'autre qui se retrouvera d'autant plus blessé (et davantage dans une galère monstre : perte de son travail, etc). C'est un système ici qui est montré. Une brèche s'est déclenché, oui mais le feu est loin d'être allumé.

C'est un endroit où le craquage est permanent et où la souffrance (montrée et cachée) est à prête à exploser. On peut lui reprocher de vouloir trop en faire et d'insérer tous les sujets mais le film de Catherine Corsini s'en sort grâce à un humour maîtrisé et à une piqûre de rappel(s) essentielle.


Notre couverture de la 74ème édition du Festival de Cannes

Réalisé par Catherine Corsini

Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…

Prochainement en salles