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Cannes 2024 : FURIOSA : UNE SAGA MAD MAX - George Miller

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Et Miller créa Furiosa 

Neuf ans après la claque Fury Road, George Miller remonte le temps de sa saga Mad Max en revenant aux origines de Furiosa. La naissance d’une héroïne, d’un mythe, d’un récit déjà culte.

Fury Road encore imprégné sur nos rétines depuis quasi dix ans comme une obsession, immenses étaient les attentes de ce préquel consacré au personnage de Furiosa, qui vole la vedette à Max. Dans ce précédent volet, en un aller-retour dans le désert furieux et futile, Max s’effaçait peu à peu, laissant Charlize Theron créer sous nos yeux cette guerrière hors normes qui libérait les épouses prisonnières d’Immortan Joe, réduites à l’enfantement. Devenue immédiatement un symbole féministe, il lui fallait bien son film à elle dans lequel Max, le héros originel et éponyme, disparaît complètement pour la première fois depuis 1979. 

On y découvre ce qui relie profondément les deux figures de la franchise : la vengeance dans le sang et dans les veines. Arrachée à son monde, la Terre verte, où elle grandit dans un univers d’amazones et d’abondance, la petite Furiosa assiste à l’assassinat de sa mère par Dementus (Chris Hemsworth). Ce dernier, seigneur de la guerre et barbare, la conduit dans la forteresse d’Immortan Joe. Muette au milieu du vacarme des rugissements des moteurs, des détonations explosives, des braillements rageurs de ces hommes mégalos, du bruit et de la fureur régnante, adolescente puis femme sous les traits de l’actrice Anya Taylor-Joy, Furiosa devient l’héroïne d’une véritable épopée à travers les années dont le seul objectif est la survie dans une société destructrice et désespérée animée par la pulsion de mort. 

Autour d’elle, tous sont dans une quête perpétuelle de ressources premières, essentiellement de l’essence et de l’eau. De la Bullet Farm à Petroville, la jeune femme est poussée à se métamorphoser en différents personnages au fil de ses multiples allers-retours chaotiques la détournant de sa mission originelle : s’échapper pour rentrer chez elle dans son jardin d’Éden. 

Si Furiosa n’a pas la saveur de la surprise magique de Fury Road, Miller réussit par un montage nerveux à conserver le meilleur des scénarios de la première trilogie tout en prenant le temps de développer l’univers visuel et sonore du film précédent, entre chrome et sable, alternant scènes d’action pure et bribes d’enjeux scénaristiques. Raconté en voix off et chapitré comme une fable, ce préquel confirme l'avènement d’une mythologie post-apocalyptique unique et la naissance d’une héroïne, guerrière immortelle dont on se rappellera pour les siècles des siècles. 


DIANE LESTAGE