GIRLFRIENDS AND GIRLFRIENDS - Zaida Carmona
Carte de Tendre saphique
Zaida, une lesbienne trentenaire quittée et ghostée par sa petite amie, revient à Barcelone et tente de noyer son chagrin. Invitée à un dîner, elle rencontre Lara, la compagne de Rocío, une de ses amies les plus proches. Zaida tombe rapidement sous le charme de Lara, alors que Rocío entame une liaison avec Julia, l’ex de Zaida. Au fur et à mesure du film, les liens se font et se défont au sein du groupe de cinq amies queers.
Girlfriends and girlfriends (La amiga de mi amiga en VO), dont le titre original est un jeu de mots faisant référence au film de Rohmer L'Ami de mon amie, contient de nombreuses références assumées au cinéaste français. Reprenant l’un de ses thèmes favoris (les tribulations sentimentales d’une bande d’amis), le film nous immerge dans un hommage visuel et sonore au réalisateur, à travers la bande-son, le cadre et la palette de couleurs utilisée. Ces références servent également à nous faire entrer dans la tête du personnage de Zaida, passionnée de cinéma qui ne peut s’empêcher de fantasmer ses histoires d’amour par le prisme des films qu’elle voit. Nous n’avons d’autre choix que d’épouser son point de vue, et de vivre avec elle ces rencontres. La mise en scène “pop” apporte une fraîcheur au film de la réalisatrice Zaida Carmona, qui filme avec douceur et humanité cette communauté, ses désirs et ses contradictions.
Les comédies sentimentales ont toujours mis en scène des amants éternellement insatisfaits. Seulement, en 2023, la psychologie et le développement personnel sont passés par là. Les comportements toxiques sont nommés, et les dysfonctionnements des personnages sont analysés. Zaida résume très vite le schéma amoureux dans lequel elle se retrouve coincée : “Quoi que je fasse, ma vie finit par tourner autour d’une fille”.
L’une des forces de cette autofiction tient à ce que Zaida Carmona refuse de tomber dans les écueils de certaines comédies romantiques en nous donnant des réponses toutes faites aux problèmes affectifs des personnages. Mais à force de développer les moult rebondissements de la vie amoureuse de la bande, la réalisatrice nous enferme dans un pentagone amoureux qui devient vite lassant. Tout comme le personnage principal, on tourne en rond en attendant d’être à nouveau surpris.
AURORE MANCIP