IRISH WISH - Janeen Damian
Galway Girl
Un romancier snobinard, un photographe du terroir, et le grand retour de Lindsay Lohan : Irish Wish est une rom-com made in Netflix gentiment cheap, qui semble tout droit sortie des bureaux d’un Office du tourisme irlandais.
C’est pour le moins inhabituel : une comédie romantique diffusée à la mi-mars sur Netflix, loin de la période prolifique des films de Noël ? Rien de hasardeux à cela, puisque Irish Wish, la dernière production de la plateforme façon rom com (pour romantic comedy), a été diffusée le 15 mars, soit deux jours avant la Saint-Patrick. Il y sera bien question d’Irlande sous toutes ses formes, à travers le carcan ultra-codifié de la comédie romantique duquel le film ne cherchera jamais à sortir… Au détriment de son actrice principale. Car Irish Wish est avant tout annoncé comme la production actant le grand retour de Lindsay Lohan en tant qu’actrice, l’iconique Cady Heron de Mean Girls (Lolita malgré moi) ou Anna Coleman de Freaky Friday, qui avait disparu des radars du cinéma à la fin des années 2000. Après avoir signé un deal de plusieurs titres avec Netflix, l’actrice surmédiatisée a fait un premier comeback avec la comédie romantique de Noël Falling for Christmas en 2022, avant de s’aventurer vers des contrées plus verdoyantes dans Irish Wish.
Ces productions, calibrées sur mesure pour enrichir le catalogue des plateformes de streaming, s’en tiennent sans grande fantaisie aux codes les plus classiques du genre, tout en respectant au mot près le cahier des charges qui représente aujourd’hui la signature de la plateforme rouge : un discours d’empowerment féminin tiède (voire franchement rétrograde – il est visiblement inconcevable qu’une femme puisse faire une demande en mariage), et des sidekicks racisées dont on se souviendra à peine des noms. Irish Wish présente ainsi Lindsay Lohan en Maddie, une écrivaine de l’ombre qui coécrit les ouvrages de Paul, un Marc Levy au rabais dont elle est secrètement folle amoureuse, tout en n’étant jamais créditée pour son travail. Lorsque celui-ci se fiance avec son amie d’enfance, elle se rend en Irlande pour assister à son mariage, et y rencontre James, un photographe solitaire avec un goût prononcé pour le sarcasme – avant d’avoir affaire à une fée qui la substituera par magie à la future mariée. Comme dans tout classique du genre, se joue alors le jeu des sept différences : il s’avère que Paul est superficiel, alors que James est authentique ; Paul dénigre Maddie, James admire son travail ; Paul boit du champagne, James boit de la Guinness. Inutile de vous raconter la suite, vous la connaissez déjà.
Finalement, il ne sera jamais vraiment question de Lindsay Lohan, qui bataille pour donner du souffle à une partition désespérément monocorde. Outre le personnage de James qui bénéficie par moments du charme d’Ed Speleers (précédemment générateur de traumatismes en brigand et violeur dans Outlander – la vie est vraiment pleine de surprises), tous ces personnages semblent uniquement articulés pour donner vie à un cadre, celui de l’Irlande de l’Ouest façon Disneyland. Aux dizaines de plans de moutons dans des contrées verdoyantes aux couleurs saturées, s’ajoutent des danses dans des pubs façon fête de troisième classe d’un Titanic version Wish (vous l’avez ?), et des incursions romantiques sur les falaises de Moher en citant James Joyce. Irish Wish ne s’est jamais revendiqué comme autre chose qu’un pur film de divertissement – et en cela, il atteint son but premier en proposant une romance sucrée et surexplicative façon Bridgerton, qui saura probablement contenter les adeptes les plus fidèles du genre. Mais il était aussi dommage de proposer une partition aussi pauvre à une Lindsay Lohan autant annoncée, et dont on attend encore le retour, passées les 90 minutes de film.
MARIANA AGIER