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MAXXXINE - Ti West

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Vous reprendrez bien un peu de A24 sur votre slasher ?

Ti West conclut sa trilogie amorcée par X avec un film d’horreur boursouflé de références et d’élucubrations pompeuses.

Des rues baignées par la lueur écarlate des néons, des talons aiguilles tâchés de sang et des faux-semblants en pagaille. Après avoir sondé les eaux troubles de Massacre à la tronçonneuse dans X et perverti Le Magicien d’Oz avec Pearl, voilà que Ti West rêve de De Palma. Peut-être un peu trop, tant MaXXXine, la conclusion de sa trilogie entamée en 2022, se noie dans les références.

Star du porno underground, la charismatique et cocaïnomane Maxxxine Minx cherche à faire évoluer sa carrière. Installée à Hollywood dans les années 1980, elle caresse le doux rêve de devenir une respectable star de cinéma, et pourrait bien atteindre ce but en décrochant le premier rôle d’un film de série B. Problème : entre un mystérieux stalker et les flashbacks traumatiques de sa précédente mésaventure dans la cambrousse, la comédienne est loin de dormir sur ses deux oreilles. X se revendiquait slasher, Pearl s’en écartait, Maxxxine y retourne. Mais quelque chose s’est perdu en chemin.

Prétentieux et autoparodique

Pas besoin d’être Ghostface pour en avoir assez de l’elevated horror. Si la franchise démarrée par Wes Craven s’est essoufflée au fil du temps, il lui arrive parfois encore de viser juste, comme dans cette scène de Scream 5 où l’inénarrable tueur en série s’exaspère des goûts de Tara (Jenny Ortega) en matière de films d’horreur. Associé aux films d’Ari Aster et de Jordan Peele, l’elevated horror en tant que concept agace bien des amateurs de films de genre en raison de sa condescendance, comme si les Auteurs avec un grand A venaient tout juste d’arriver pour sauver un genre qui, sans eux, serait vulgaire et bas du front.

Depuis le début, la trilogie X était sur le fil du rasoir. Au moment de franchir la ligne d’arrivée, Maxxxine perd l’équilibre. Son hommage constant au cinéma des années 1980 nous fait frôler l’indigestion et nous donne envie de poser la question : Ti West ne pouvait-il pas faire un film d’horreur avant de récapituler tout le cinéma des eighties ?

Ce mimétisme frénétique ne serait pas complet sans une certaine dose d’orgueil qui, dans le film, s’incarne avec Elizabeth Bender (Elizabeth Debicki), réalisatrice du film dont Maxxxine a décroché le premier rôle. Âpre et cynique, elle n’existe que pour se fendre de tirades pseudo-profondes sur l’industrie impitoyable du cinéma et le manque de considération des majors pour le film d’horreur. Quelque chose à dire, M. West ? Très premier degré, le propos anti-système est assez ironique malgré lui quand on connaît la place qu’occupe A24, producteur du long métrage, dans le paysage cinématographique. Recouvert d’un vernis indé, il s’agit pourtant d’une grosse machine de guerre. Une subversion peu crédible qui rappelle les pires heures de Sam Levinson, producteur exécutif de Maxxxine.

Et cette Maxxxine Minx alors, que devient-elle ? Magnétique dans X, dérangeante au possible dans Pearl, Mia Goth ne se départ pas de toute sa puissance de comédienne et réussit à insuffler quelque chose dans le personnage malgré tout devenu bien fade. C’est pourtant cette mutante Maxxxine-Pearl qui savait captiver : ses ambitions dévorantes, mais surtout, son appétit pour le vicié, la noirceur.

LÉON CATTAN