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UN BEAU MATIN - Mia Hansen-Love

Un beau matin : la vie, la mort, et les angles morts de Mia Hansen-Love

Un beau matin sort en DVD. Malgré des moments touchants, il reste limité par les biais sociaux de sa réalisatrice.

Elle a quitté la compétition officielle de Cannes pour la Quinzaine en 2022, mais pas son thème de prédilection. Dans Un beau matin, Mia Hansen-Love s’invite de nouveau dans le continent de l’intime. Son héroïne, Sandra (Léa Seydoux), assiste à la lente déchéance de son père (Pascal Greggory) atteint d’une maladie dégénérative. En parallèle, elle entame une liaison avec un ancien ami du père de sa fille, campé par Melvil Poupaud. L’aube et le crépuscule de l’existence se répondent. La hantise d’une vieillesse naufragée se noie dans les accès de sensualité et la naissance d’un amour.

Mia Hansen-Love a vécu ces mouvements violents de la condition humaine. Son père était atteint du même mal que celui de Sandra. La connaissance et la douleur nourrissent son geste artistique dans ce film qui n’a pas toujours besoin de s’étendre pour faire mouche. La valse des Ehpads, les visites de plus en plus laborieuses, et les conciliabules familiaux sont écourtées avec pudeur, la caméra se détourne de ces scènes comme si celle qui la tenait éprouvait trop de chagrin. La souffrance de Sandra, traduite avec justesse par Léa Seydoux, connaît le même genre de spasmes, elle remonte à la surface avant d’être tuée dans l’oeuf, parce qu’il faut bien continuer à vivre.

L’aube et le crépuscule se répondent dans Un beau matin. La hantise d’une vieillesse naufragée se noie dans les accès de sensualité et la naissance d’un amour. Mais il y a quelque chose de lassant dans cette peinture du Cycle de la vie avec un grand C. Et ce, malgré la justesse de Léa Seydoux et de Pascal Greggory, et la beauté des scènes familiales capturées par Mia Hansen-Love. Est-ce à cause du propos faussement universel qui se prend les pieds dans son habitus bourgeois ? Ou de l’asymétrie de la relation de Sandra et son amant (Romherien jusqu’à l’exaspération), présentée comme une belle passion alors qu’il part et revient comme bon lui semble, en ne tenant pas compte de la détresse de la jeune femme ? Sans doute un peu des deux.