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VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT - Ariane Louis-Seize

Le vampirisme est un humanisme

Primée à la Mostra, Ariane Louis-Seize livre avec ce premier long une fable mordante et tendre à la fois, proche des vampires d'Ana Lily Amirpour.

« Vampire, vous avez dit vampire ? » À la fois figée dans le marbre et délavée par le temps, la figure de Nosferatu s’est considérablement renouvelée depuis le début des années 2000. Et aux images composées par Murnau se superposent d’autres, plus récentes, iconiques à leur manière. Morse une éternelle petite fille flotte dans une piscine après avoir commis l’impensable pour son nouvel ami. A Girl Walks Home Alone at Night – rock’n’roll lancinant sur un filtre noir et blanc, une pudeur dissimulant à peine les prémices d’un amour entre une prédatrice et sa proie. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant se trouve quelque part entre les deux. Très remarqué en festival, le film coécrit par Ariane Louis-Seize et Christine Doyon est d’une noirceur tendre, stylisée, jamais cynique. Et ça fonctionne.

Ginger Snaps, Grave, Jennifer’s Body… Le film de monstre a souvent été un exutoire pour les réalisatrices soucieuses de parler de puberté féminine. Générée par un bouleversement au début de l’adolescence, la monstruosité devient petit à petit incontrôlable, fusion détraquée entre Eros et Thanatos à l’issue funeste. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est plus optimiste : porté par Sara Montpetit (attention, actrice à suivre !), le personnage de Sasha ne subit pas éternellement sa condition. Elle finit par s’épanouir en ses propres termes, cadrée par des figures masculines douces, et le vampirisme se fait réceptacle d’une morale altruiste, faisant écho au sujet brûlant de la fin de vie.

Bon début d’année pour le film de genre en France, donc, avec ce teen movie au charme fou et à la maturité déconcertante.

LÉON CATTAN