Sorociné

View Original

VOLEUSES - Mélanie Laurent

Copyright Gaël Turpo/Netflix

Au placard, et vite

Film d’action neurasthénique et malaisant, Voleuses est, avec un peu de chance, le dernier casse de Mélanie Laurent.

Qu’elle tourne un teen movie sur l’emprise (Respire) ou un drame historique oppressant (Le Bal des folles), Mélanie Laurent est plus du genre slow burn que mise en scène nerveuse. Alors, quand la réalisatrice « qui tue Hitler dans ses rêves depuis qu’elle a 4 ans » annonce que sa prochaine production sera un film d’action, il y a de quoi être intrigué. Un film d’action Netflix et féministe, adapté de La Grande Odalisque de Bastien Vivès (inculpé pour « diffusion d’images pédopornographiques » en 2023) et Florent Ruppert (mis en cause pour agressions sexuelles la même année que son compère). Il y a de quoi être sceptique. Et ces tristes a priori seront confirmés dès les cinq premières minutes de Voleuses.

Cinq minutes, et déjà le grand cabotinage. Le trio de braqueuses inspiré par Cat’s Eyes - ou Totally Spies selon comment on se place - se cristallise autour de l’amitié de Carole, surdouée du crime (Mélanie Laurent, en toute humilité) et d’Alex, une ingénue et déesse de la gâchette campée par Adèle Exarchopoulos. Le groupe est complété par l’arrivée de Sam (Manon Bresch), pilote lesbienne, racisée et… C’est à peu près tout ce qu’on saura à son propos. La nouvelle recrue est étouffée par le barouf de ses collègues, des caricatures fantoches en difficulté. Pas très en forme, Adèle Exarchopoulos navigue avec morosité entre les contradictions de son personnage sans jamais vraiment l’habiter. Avec Carole, c’est encore pire. Phrasé plus parisien que bourru et langage de « d’jeuns » qui remplit de gêne, Mélanie Laurent manque de crédibilité, et toute la brochette d’acteurs secondaires prestigieux (Isabelle Adjani, Philippe Katerine qui arrache tout au plus un sourire…) ne réussit pas à camoufler cette inadéquation. Chaque gag est poussé jusqu’à l’écoeurement et nous ferait presque regretter le pourtant très problématique Retour de Catherine Corsini, qui se déroule aussi en Corse (et développe bien mieux le potentiel humoristique local).

L’intention derrière Voleuses était de créer un Ocean’s à la française aux accents féministes. Force est de constater qu’après ces deux heures de visionnage laborieux, on attend toujours.

LÉON CATTAN