CENSOR - Étrange Festival
Horreur cathartique
Dans son précédent court-métrage Nasty, la réalisatrice Prano Bailey-Bond explorait déjà les VHS horrifiques des 80’s à travers leur réception par un petit garçon de 12 ans. De cette fascination des nasties - à savoir, des VHS de films à petit budget et d’exploitations interdites en raison de leur extrême violence dans le Royaume-Uni des 80’s - naît l’idée d’un premier long-métrage, Censor.
Alors que le Royaume-Uni voit exploser sa criminalité, le gouvernement Thatcher impute la montée de la violence à la recrudescence des films d’horreur. En 1985, Enid travaille dans une commission de classification. Son quotidien est rythmé entre hémoglobine, viols et éviscérations, qu’elle est chargée de censurer, au risque d’influencer la société à commettre l’irréparable.
Il ne faudra pourtant pas attendre l’arrivée de ces nasties qui pullulent sous le manteau malgré la censure, pour voir surgir la violence. La répression thatchérienne, et ses arrestations sanglantes, défilent sur les écrans de télévision. Elle s’incarne sous d’autres formes, sous les traits d’un producteur-prédateur, de menaces téléphoniques particulièrement sinistres. Ou même encore, sous la forme d’un traumatisme impossible à panser. Hantée par la disparition de sa soeur dont elle n’a que des souvenirs partiels, Enid bascule peu à peu dans une quête hallucinée, au point de confondre réalité et fiction.
Si le film de Prano Bailey-Bond peine à joindre ses deux parties, écartelées entre la critique de la violence thatchérienne et la plongée fantastique, Censor demeure un sympathique premier long-métrage. Par sa très courte durée, Censor tient par la performance remarquable de Niamh Algar, oscillant aisément entre fragilité et démence, ainsi que son atmosphère définitivement très 80’s.
Réalisé par Prano Bailey-Bond
Avec Niamh Algar, Michael Smiley, Nicholas Burns
Enid travaille dans un bureau de classification des films. Un jour, elle découvre un film d’horreur qui lui parle intimement et la renvoie à son passé. Enid cherche alors à démêler le mystère qui se cache derrière cette œuvre…