YOUNG AND BEAUTIFUL - Festival Ojoloco
Portrait de la génération Y
Durant le Festival Ojoloco, nous pouvons avoir accès à un programme dédié aux femmes, intitulé Espacio femenino. Un cycle de trois films, en partenariat avec l’Institut Cerventes de Lyon, incluant des récits consacrés aux femmes dans le milieu culturel.
“Will you still love me when I’m no longer young and beautiful ?” chantait Lana Del Rey sur la bande originale du film Gatsby le Magnifique. Cette question parsème ce drôle de documentaire, avec son titre éponyme à la balade de la chanteuse américaine, Young and Beautiful (chantée par l’un des protagonistes). Premier long métrage de la cinéaste espagnole Marina Lameiro, elle prend la caméra pour sonder ses proches sur le temps qui passe, sur l’identité qui ne cesse de se construire et surtout, sur cette peur diffuse de la vieillesse. Un portrait sans fard de millenials dans leur trentaine, LE cap important, signe de la fin des années d'insouciance.
Poti est chanteur et performe dans des boîtes, où il n’y parfois pas grand monde pour l’écouter. Das est un danseur professionnel qui voudrait s’enlever le poids de la rigueur, sans renoncer à sa créativité. Nais est une mère, fraîchement séparée de son compagnon. Elle a dû retourner vivre chez ses parents et doit subir leur remarque sur la façon dont elle élève sa fille. Ione est la sœur de la cinéaste, qui la suit au fil de rave party.
Tou‧tes vivent hors des normes. Mais s’il est facile de refuser de s’y conforter dans sa vingtaine, la pression ressentie devient différente quand le premier chiffre de la décennie change. Alors les protagonistes du film se questionnent, beaucoup, sur leur vie et de ce qu’il adviendra dans le futur. Cette angoisse sourde est universelle, malgré la spécificité de leurs peurs. Voir sa peau se flétrir, se distendre. Voir le temps s’envoler au loin. La peur des responsabilités, de porter l’avenir d’un monde déjà en perdition. Et surtout de devoir renoncer à sa singularité pour se fondre dans le moule, abandonnant des années de luttes acharnées de la norme sociale pour finalement se jeter dedans, le corps las.
Un cinéma-vérité poignant
Caméra au poing, Marina Lameiro ne se fait jamais juge. Son regard est thérapeutique et invite à la confidence. La proximité déjà établie entre elle et ses “sujets” aide grandement les langues à se délier, souvent dans un lit, lieu très intime où l’on se dévoile sans artifices. La réalisatrice se dévoile aussi, en hors-champ. On ne la verra que brièvement, filmée par Das, mais sa présence n’en est pas moins réelle à l’écran. Son film est emprunt d’un genre bien particulier, le cinéma vérité, où le/la cinéaste se transforme en témoin de la réalité telle qu’on la voit, qu’on la vit chaque jour, pour venir capter “les plus secrets, peut-être le plus insaisissable d’un être”. Le regret transperce l’écran, mais il n’est jamais amère, plutôt résolu. Au travers des images et des témoignages, nous avons l’impression que l’être qu’elle veut transpercer au plus près est bien elle-même. Le documentaire forme des portraits multiples, qui eux-mêmes finissent par établir un portrait éclairant de sa cinéaste. Elle exporte sa sensibilité vers les autres grâce à l'œil de la focale.
Portrait tout en délicatesse d’une génération Y marginale, Young and Beautiful se vit par les questionnements universels sondés au travers des différents protagonistes. Marina Lameiro se fait l’honnête témoin de cette angoisse, qu’elle partage dans le cadre avec beaucoup d’empathie et de respect.
Réalisé par Marina Lameiro
Poti, Nais, Ione et Das sont quatre jeunes qui ont choisi de vivre selon leurs propres règles. Mais la société les oblige à abandonner leurs aspirations égoïstes, ils doivent donc repenser leur identité par le dialogue. C'est le point de départ d'une conversation intime entre eux et Marina, cinéaste et amie.