Cannes 2025 - THE HISTORY OF SOUND - Oliver Hermanus

© Fair Winter LLC. All Rights Reserved.

Accord fade

Le nouveau film d’Oliver Hermanus, présenté en compétition à Cannes, confirme que deux stars montantes (Paul Mescal et Josh O’Connor) et un bon pitch ne suffisent pas pour réussir un film.

Sur le papier, le projet était alléchant. Deux acteurs bankables du moment, étoiles montantes élevées au rang de boyfriends mondiaux depuis leurs productions récentes : Paul Mescal, dont la carrière a explosé depuis les intimistes Normal People et Aftersun, mais qui peine à s’affirmer dans le registre des blockbusters façon Gladiator II ; et Josh O’Connor, révélé en prince Charles amélioré dans The Crown et en tennisman libidineux dans Challengers, qui trace son chemin dans le cinéma d’auteur. La promesse d’une romance gay incarnée par les deux acteurs, sur fond de film d’époque et de thématique musicale. Le tout adapté par le réalisateur Oliver Hermanus, aperçu notamment avec Beauty en 2011 où il était reparti du Festival de Cannes avec la Queer Palm.

The History of Sound, adapté de la nouvelle éponyme de l’Américain Ben Shattuck, suit l’histoire d’amour de deux étudiants en école de musique, Lionel (Paul Mescal) et David (Josh O’Connor), qui, après une Première Guerre mondiale rapidement expédiée, partent recueillir des chants folkloriques dans la campagne de la Nouvelle-Angleterre. À leur retour, David mettra fin à leur relation, mais Lionel restera habité une vie entière par leur histoire et par ces recherches. Car les deux étudiants sont de grands mélancoliques, l’un de naissance, l’autre transformé par la guerre (mais on n’en saura jamais plus), si bien que ces deux-là ne se parlent jamais – au point de devenir des caricatures du profil type de leurs acteurs. En ce sens, on ne compte plus le nombre de fois où Paul Mescal s’allonge par terre pour cuver sa tristesse, parodiant malgré lui des séquences d’Aftersun, et où Josh O’Connor regarde dans le vide avec un vague rictus aux lèvres.

© Fair Winter LLC. All Rights Reserved.

Lors de la conférence de presse du film, Paul Mescal s’est insurgé contre les comparaisons du film à Brokeback Mountain, affirmant que The History of Sound, à l’inverse de ce dernier, dépeignait une histoire d’amour heureuse entre deux hommes. C’est bien là que le bât blesse, car Oliver Hermanus semble faire peu de cas de cette relation amoureuse qui, certes, repose sur l’amour commun des deux hommes pour la musique, mais reste profondément inconsistante d’un point de vue sentimental – au point que l’on a bien du mal à comprendre pourquoi Lionel est autant hanté par le fantôme de cet amour.

La faute, surtout, à une sous-exploitation de son casting : pour une romance gay incarnée par deux acteurs avec une telle charge sexuelle, The History of Sound reste particulièrement chaste, osant à peine expédier ça et là un baiser dans l’obscurité ou une scène de sexe furtive, comme si le réalisateur avait peur de s’attarder sur son vrai sujet. Finalement, on ne sait pas vraiment de quoi on y parle : pas vraiment d’amour, pas vraiment de musique ni de folklore, mais beaucoup de sentimentalisme, à tel point que The History of Sound devient un gentil nanar à regarder le dimanche plutôt qu’en festival.

MARIANA AGIER

The History of Sound

Réalisé par Olivier Hermanus

Avec Josh O'Connor, Paul Mescal, Chris Cooper

Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025

Lionel, jeune chanteur talentueux originaire du Kentucky, grandit au son des chansons que son père chantait sur le perron de leur maison.

En 1917, il quitte la ferme familiale pour intégrer le Conservatoire de Boston, où il fait la rencontre de David, un étudiant en composition aussi brillant que séduisant, mais leur lien naissant est brutalement interrompu lorsque David est mobilisé à la fin de la guerre.

En 1920, réunis le temps d’un hiver, Lionel et David sillonnent les forêts et les îles du Maine pour collecter et préserver les chants folkloriques menacés d’oubli. Cette parenthèse marquera à jamais Lionel.

Au cours des décennies suivantes, Lionel connaît la reconnaissance, la réussite, et d’autres histoires d’amour au fil de ses voyages à travers l’Europe. Mais ses souvenirs avec David le hantent encore, jusqu’au jour où une trace de leur œuvre commune ressurgit et lui révèle combien cette relation a résonné plus fort que toutes les autres..

En salles le 14 janvier 2026.

Précédent
Précédent

Cannes 2025 : les étoiles de la rédaction

Suivant
Suivant

Cannes 2025 - ELEANOR THE GREAT - Scarlett Johansson