Clermont FF24 : nos cinq courts préférés du week-end
Ce week-end, le Festival de courts métrages de Clermont-Ferrand a inauguré ses deux sélections féministes Insoumises et Eurovisions. Sorociné vous propose de découvrir ses cinq premiers coups de cœur.
Je les aime tous de Guillaume Kozakiewiez (2016 – 29’)
Quand le destin fulgurant de la travailleuse du sexe suisse Grisélidis Réal rencontre le jeu de Corinne Masiero, l’étincelle est craquée. S’il y a beaucoup à dire sur l’engagement politique de Réal, elle ne bat pas le pavé chez Guillaume Kozakiewiez, qui opte pour le huis clos, une reconstitution de sa chambre à elle. Pas la peine de voir la militante décédée en 2005 manifester pour saisir toute la mesure de son engagement : son appartement se fait déjà le théâtre (pudique) de la création, de l’amour, du sexe et de la poétique. Et Corinne Masiero, qui partage avec Grisélidis Real une expérience de vie qui se lit dans le corps et le charisme d’un fauve au repos, le vend parfaitement bien.
Requiemétriose d’Alice Seabright (2019-15’)
Avec un humour anglais à toute épreuve, Requiemétriose met en scène l’après-midi compliquée de deux sœurs atteintes d’endométriose. Et si le sujet est devenu un marronnier dans les médias, qui peut prétendre connaître ses effets les plus honteux ou incapacitants, si ce n’est les premières concernées ? Entre des gags inspirés qui permettent de déstigmatiser la maladie et un propos sur son manque de prise en charge, Alice Seabright équilibre plutôt bien les choses.
Réincarnation de Jenn Nkiru (2017-10’38)
Lauréat du prix Canal + 2018, Réincarnation mélange frénétiquement des éléments de l’Histoire noire pour un rendu survolté, musical et empli de vitalité. Une projection qui tombe à pic puisque le 1ᵉʳ février dernier, le recueil d’essais de James Baldwin célébrait ses 26 ans.
Tria – Du Sentiment de trahir de Giulia Grandinetti (2022-17’)
La régulation des naissances a souvent été en défaveur des femmes racisées, et ça, Giulia Grandinetti le sait bien. La réalisatrice imagine la forme la plus extrême de ce phénomène dans une Rome dystopique où les tziganes ne peuvent avoir plus de trois enfants, sous peine d’en sacrifier un. Si le récit se perd un peu parfois, il offre de belles scènes de communion entre sœurs déjà travaillées par le syndrome du survivant.
Manivald de Chintis Lundgren (2017, 12’57)
Un monde en cartoon, des renards tourmentés et une fanfare qui aurait bien besoin d’un nouveau pianiste… Manivald est un film improbable. Et il faudra se contenter de cette description.