COMME A LA MAISON - Avril 2023
Fini les sempiternels « Qu’est ce qu’on regarde ce soir ? » et les longues errances sur Netflix ! Chaque mois, on vous propose quelques recommandations de films ou séries disponibles en VOD ou SVOD à travers une thématique féministe, et/ou avec une femme derrière la caméra. Une chose est sûre, il y en aura pour tous les goûts.
Et pour preuve, on retrouve, en ce mois d’avril, une série post-apocalytique, une serial killeuse obsédée par une jumelle de Beyonce, un documentaire sur Jane Campion et un film d’horreur !
LA RECOMMANDATION DE… LISA
The Last Of Us - S01E7 : Abandonner - Liza Johnson (2023)
Série crée par Craig Mazin & Neil Druckmann - Disponible sur Prime Video
Synopsis : Quand le monde tel que vous le connaissiez n'existe plus, quand la ligne entre le bien et le mal devient floue, quand la mort se manifeste au quotidien, jusqu'où iriez-vous pour survivre ? Pour Joël, la survie est une préoccupation quotidienne qu'il gère à sa manière. Mais quand son chemin croise celui d'Ellie, leur voyage à travers ce qui reste des États-Unis va mettre à rude épreuve leur humanité et leur volonté de survivre.
Série blockbuster de 2023, The Last Of Us est l’adaptation très attendue et plutôt réussie de la franchise de jeux vidéos éponyme. S’il est préférable de visionner la série en entier. Je fais ici le choix d’un seul épisode, le septième. Intitulé « Abandonner » (Left Behind) et mis en scène par la réalisatrice américaine Liza Johnson (Elvis & Nixon), qui est l’une des seules réalisatrices de cette première saison, avec la bosnienne Jasmila Žbanić (La Voix d'Aïda) qui réalise l’épisode six.
Cet épisode est simplement l’un des plus beaux et les plus abouti de cette saison (avec l’épisode trois évidemment). Alors que Joël est blessé et demande à Ellie de l’abandonner. L’épisode choisi d’enclencher un flash-back nous permettant de remonter le passé mystérieux d’Ellie l’immunisée. On y découvre, quelques mois auparavant, la jeune adolescente aux mains de l’orphelinat militaire de FEDRA. Une nuit, elle retrouve sa relation la plus chère, l’espiègle et rebelle Riley, devenue entre temps membre du groupe de résistance Les Lucioles. Ensemble, elles s’offrent une nuit hors du temps, hors de la fin du monde, hors de la pandémie.
Conçu comme un véritable teen-movie, ce souffle de liberté et d’amour adolescent est une bouffée d’oxygène salvatrice dans cet univers post-apocalytique rude et gris. Tous les thèmes du conte d’apprentissage sont scrupuleusement abordés, des premiers émois, à la passion naissante et balbutiante, en passant par la perte d’innocence. En une nuit compacte, la réalisatrice investi un centre commercial désaffecté ; haut lieu du traditionnel premier rendez-vous amoureux dans tous les teen-movies américains pré-apocalypse pour offrir un romance tragique à nos héroïnes. Ce moment suspendu fonctionne grâce au talent de ces interprètes, les formidables Bella Ramsey et Storm Reid qui infusent juste ce qu’il faut de comique, de sarcasme et de tendresse à Ellie et Riley, mais également grâce à une réalisation précise et intimiste.
LA RECOMMANDATION DE… ALICIA
Jane Campion, la femme cinéma - Documentaire de Julie Bertuccelli
Disponible sur ARTE.TV jusqu'au 16 mai 2023.
Synopsis : De son premier court-métrage, Peel, au troublant Power of the Dog, ce documentaire retrace tout en archives la carrière cinématographique de Jane Campion.
La Leçon de piano, Bright Star, Portrait de femme, Un ange à ma table... Jane Campion, c'est une des plus belles et des plus inspirantes filmographies du cinéma contemporain. Partir de ses 8 longs-métrages (auxquels on peut ajouter la série Top of the Lake) pour raconter le destin artistique de la cinéaste relevait ainsi de l’évidence. La réalisatrice Julie Bertuccelli peint ainsi avec justesse un portrait plein de respect et d’admiration pour sa consoeur néo-zélandaise. Une femme qui a dédié sa vie au cinéma, à la fois pionnière dans sa manière de filmer le désir et l'expérience vécue des femmes, mais aussi dans sa reconnaissance internationale (première femme rappelons-le à recevoir la Palme d'Or pour La Leçon de piano en 1993). D’extraits en extraits, c'est avec un plaisir cinéphile immense que l'on écoute Jane Campion évoquer l'origine de ses obsessions ou raconter sa manière de travailler sur le plateau. On découvre aussi à quel point la réalisatrice a dû lutter pour son art dans un secteur aussi masculin que le 7e art, racontant l'opposition de ses premiers techniciens face à sa légitimité, le mépris de la critique quand elle s'est essayé au genre du thriller érotique avec In The Cut ou ses doutes quand succès et drames intimes s'entrechoquent...
En 1h30, ce portrait amoureux et cinéphile nous donne une envie folle de replonger dans l'oeuvre Jane Campion. Et ça tombe bien, Arte propose également ce mois-ci sur sa plateforme son 2e film, Un ange à ma table, bouleversant biopic de l'écrivaine Janet Frames. Un chef d'œuvre qui abordait déjà frontalement les thématiques du désir et de la santé mentale.
LA RECOMMANDATION DE… MANON
Barbare - Zach Cregger - 2022 - disponible sur Disney+
Synopsis : Se rendant à Détroit pour un entretien d'embauche, Tess se retrouve à louer un « Airbnb » le temps de son séjour. Mais lorsqu'elle arrive tard dans la nuit, elle découvre que la demeure est déjà occupée et qu’un homme étrange du nom de Keith y séjourne déjà... Malgré la gêne, elle décide résignée d'y passer la nuit, les hôtels des environs étant complets. Mais réveillée dans son sommeil par des sons mystérieux, Tess va s’embarquer malgré elle dans une série de découvertes terrifiantes...
On ne va pas parler ici de Barbarian (Barbare en VF) parce qu’il a été réalisé par une femme – ce n’est pas le cas. Le film n’est pas non plus particulièrement militant, mais il se distingue par une utilisation très habile des rapports homme/femme pour jouer avec les codes de l’horreur dans toute sa première partie. Contrairement aux films d’elevated horror qui émergent en ce moment, Barbarian existe d’abord par son genre, qu’il embrasse pleinement. Il s’empare de la figure de la final girl (sera-t-elle vraiment final ?) pour manipuler malicieusement son scénario et offrir une lettre d’amour à tout un pan du cinéma.
Comme quoi et quitte à faire court-circuiter certains esprits : les rapports sociaux inondent, qu’on le veuille ou non, les structures scénaristiques.
LA RECOMMANDATION DE… LÉON
Swarm - créée par Donald Glover et Janine Nabers - 2012
Disponible sur Prime Video
Synopsis : Dre est obsédée par une pop star fictive, ce qui va la conduire sur un chemin sombre.
Depuis la fin d'Atlanta, chef-d'oeuvre surréaliste et social, on attendait le retour de Donald Glover sur le petit écran avec impatience. C'est chose faite avec Swarm, une mini-série Prime créée avec la dramaturge Janine Nabers sur les dérives de la fan-culture. Ou presque, car au-delà d'une dénonciation explicite des cultes de la personnalité (celui de Beyoncé en chef de file), Swarm est un road-trip sanglant qui tient en haleine jusqu'au bout. Sa protagoniste, c'est Dre, une jeune looseuse brillamment interprétée par Dominique Fishback, avec juste ce qu'il faut de bizarre et de sensible. Si l'ensemble est inégal, la série vaut la peine d'être regardée pour ses fulgurances, à l'instar d'un épisode Jordan Peelien avec Billie Eilish et d'un mockumentary true crime qui confirme le talent de Glover pour ce sous-genre déjà expérimenté dans Atlanta.