COW - Festival de Cannes
Après avoir fait sensation avec American Honey en 2016, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes et couronné par un Prix du Jury, Andrea Arnold est de retour avec un documentaire sur la vie d'une vache. Difficile de faire sujet plus intriguant que celui de Cow, que la cinéaste, présidente du jury Un Certain Regard de cette année, introduit avec ironie sur scène « merci de prendre le temps de venir voir un film sur une vache ».
La ferme des animaux
Le film s'ouvre sur une naissance, caméra portée, plan resserré. Andrea Arnold, comme à son habitude, filme avec une distance qui lui permet de capter les émotions et d'avoir une approche sensorielle. C'est ce qui a toujours fait la force de son cinéma même lorsqu'il est fictionnel. Il épouse les lignes du documentaire pour mieux en extraire le réel. C'est ce qui permet à Cow, où les dialogues sont peu nombreux et où résonne majoritairement les meuglements des vaches, de capter l'attention. L'humain est en grande partie absent de cette histoire. La caméra de la cinéaste, par le biais de cadrage volontairement plus bas, se place presque uniquement à hauteur de vache, pour que le public puisse, à défaut de s'identifier, correctement se positionner. Andrea Arnold fait de son personnage bovin un personnage de cinéma. Elle y capte ses regards, ses moments de vie (naissance, amour). Une vie fait de gestes répétitifs, une vie d'ouvrière où le boulot-dodo est de mise.
L'humanité se trouve alors ici. Lorsque la vache nous dévoile, malgré elle, son quotidien où son travail de vache à traire est répétitif et, on le devine par les machines qui la traitent, pénible. Tel Chaplin dans Les Temps moderne, la cinéaste filme la répétition pour mieux user le public qui fini par comprendre la mécanique. Une vie où les temps de repos et d'air frais (le film est un huis clos dans une exploitation bovine) sont peu nombreux.
Liberté, j'écris ton nom
Comme George Orwell et sa Ferme des animaux, Andrea Arnold créer une révolte qui monte, intelligemment, contre un système d'exploitation abusif. Même si le mot de fin est tragique, découragent, aberrant, il est d'une efficacité redoutable et issu d'un pur réalisme. L'humain apparait comme une bête dont l'ombre est à chaque instant menaçante. Même lorsqu'on ne voit pas le danger, il est là et attend patiemment de pouvoir se déployer. Le montage (signé Nicolas Chaudeurge), qui permet de déclencher multiples sensations chez le/la spectateur·rices, est ici, profondément essentiel.
Avec Cow, Andrea Arnold offre un documentaire qui laissera (on peut le comprendre) pas mal de monde sur le côté mais elle relève le pari en proposant un film authentique et émouvant.
Réalisé par Andrea Arnold
Un portrait du quotidien de deux vaches.
En salles prochainement