LA COLLINE OÙ RUGISSENT LES LIONNES - Festival de Cannes

Découverte en tant qu'actrice chez Sébastien Marnier (L'heure de la sortie) puis récemment chez Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu), Luàna Bajrami passe, à seulement 20 ans, derrière la caméra. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, La colline où rugissent les lionnes, son premier long-métrage, est une des plus grandes attentes de cette sélection.

Cri du coeur

La jeunesse et la fraîcheur de la réalisatrice réside dans les premières minutes de ce film. Soleil et temps suspendu sont au rendez-vous. Ses personnages féminins attendent, assissent sur le rocher d'une colline, prêtent à bondir, prêtent à hurler. Le monde en contrechamp les observe et inversement. On le sait désormais... rien n'arrêtera ce gang. Habitantes d'une petite ville au Kosovo, notre trio d'actrices (brillamment incarné par Flaka Latifi, Uratë Shabani, Era Balaj) rêve d'un ailleurs géographique et sociale. En plein coeur de l'été leur amitié ne fait que grandir entre les soirées entre copines dans une maison laissé à l'abandon en état de construction et les oppressions que chacune subissent qui finira par les unir dans un même cri de douleur mais de puissance.

Luàna Bajrami aborde l'identité de groupe, l'appartenance à une communauté choisie et filme avec bienveillance et tendresse la naissance d'une rébellion contre un monde. Toujours au coeur des plans (la photographie, signée Hugo Paturel , est d'une grande beauté), les actrices crèvent l'écran et même lorsque le scénario va un peu trop vite (la prise de décision concernant les braquages est très rapide), il est difficile de ne pas croire en cette amitié, en cette sororité.

L'oeil du tigre

Tel un Spring Breakers moins bling-bling et moins fantasmé, la réalisatrice filme la montée d'un gang de filles, prêtes à faire des casses pour partir de leur petite ville, loin des oppressions, loin d'une détermination sociale injuste. Leurs incapacités à entrer à l'université les emmènera vers un besoin d'argent pour se sortir de cette condition et pour assouvir leur désir. Elles rêvent de liberté et la cinéaste leur offre un temps suspendu que l'on sait fatal.

La colline où rugissent les lionnes est une entrée remarquable dans la réalisation. Pas exempt de défauts (on regrette notamment un scénario parfois trop facile), le long-métrage insère Luàna Bajrami dans la cour des grand·es et nous promet une carrière rugissante.


Réalisé par Luàna Bajrami

Quelque part au Kosovo, dans un village isolé, trois jeunes femmes voient étouffer leurs rêves et leurs ambitions. Dans leur quête d'indépendance, rien ne pourra les arrêter : le temps est venu de laisser rugir les lionnes.

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