FOUR ROADS - Alice Rohrwacher

L’oeil magique, objet de connexion

Il y a tout juste un an, nous sortions de presque deux mois de confinement strict. Ces longs jours de vide ont été l’occasion de prendre du temps pour soi, de lire, de regarder des films, de faire du sport pour certain‧es. Pour d’autres, c’était le moment de créer, de partager. Dans sa maison de campagne italienne, la réalisatrice Alice Rohrwacher trouve une vieille caméra 16 mm et quelques bouts de pellicules périmés. Aux premiers jours du confinement, elle réalise Four Roads, un court métrage de huit minutes qui observe voisins et voisines de la cinéaste dans leurs nouvelles routines de pandémie. 

La voix d’Alice Rohrwacher se superpose aux images de ces routes baignées d’une lumière jaune. La cinéaste filme les environs de sa maison et sa découverte de la vieille caméra. Elle décide alors de se servir de cet œil magique pour créer un contact dans les maisons voisines. La caméra lui confère une distance qui respecte les gestes barrières, tout en provoquant un lien agréable avec les personnes qu’elle filme. Elle remplace la proximité physique du corps par une proximité plus imagée, comme une connexion invisible gravée sur pellicule.

Poésie de la vie rurale

De son propre aveu, la cinéaste n’avait pas l’intention d’en faire un film. Four Roads a donc la saveur d’un film fait dans l’instant, dans un élan. La pellicule périmée donne aux images une atmosphère vintage, comme si les personnes que l’on voit existaient à une époque révolue. Nous sentons que l'œil de la réalisatrice est plein d’admiration pour les personnes qu’elle filme. Une femme âgée avec son chien, un vieil homme allant cueillir des fleurs dans un endroit secret tous les jours, une famille nombreuse s’occupant de leur ferme, on y trouve du réconfort dans leur quotidien. Les images ont un caractère spécial et capturent quelques scènes de vie éparses à cause du manque de pellicule. Le court métrage prend des allures de poésie, pendant une époque incertaine.

Alors que nous étions cloitré‧es, Alice Rohrwacher ouvre l’espace grâce à la caméra et à son zoom. Elle filme toute la richesse de ce quotidien bucolique révélée par l'œil discret de la focale, rendant toute sa beauté au côté instantané du film. En suivant les routes menant vers un ailleurs défendu, Alice Rohrwacher trouve le moyen de se retrouver, en toute sécurité. 


Réalisé par Alice Rohrwacher

La pandémie de COVID-19 nous aura forcés à rester chez soi et à éviter de nous rencontrer physiquement. Réalisé dans ce contexte, ce court métrage se penche sur les formes de contact alternatives entre voisins en se servant d’un appareil photo 16 mm, d’un zoom et de quelques mètres de film périmé.

Disponible sur MUBI


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