MA NUIT - Antoinette Boulat

Le charme discret de la bourgeoisie surgit après minuit

Ma Nuit suit les déambulations nocturnes d’une jeune femme en deuil. Confrontée à l’incompréhension de sa mère et de ses amis, elle se réfugie dans le versant insomniaque de la Ville-Lumière et rencontre Alex, un jeune homme hors-du-commun.  Anachronique et pleine de spleen, leur traversée de Paris emprunte tous les codes du film d’auteur, autant dans ses travers que dans ses moments de grâce. 

Le titre du film d’Antoinette Boulat suggère qu’il existe autant de nuits parisiennes que de citadins, et il illustre très bien, peut-être malgré lui, l’esprit de Ma Nuit. La nuit de Marion est celle d’une jeunesse issue des beaux quartiers, où les quais et les entrepôts désaffectés deviennent le repaire de gravures de modes désenchantées. La pauvreté ne s’y invite que rarement, dans des séquences brèves et clichées : bagarre au couteau devant une supérette, échauffourée dans un recoin de la gare du nord… Finalement, Marion ne s’accrochera qu’aux êtres qui lui ressemblent, et finira à l’aube dans un bel appartement qui ressemble en tous points à celui où a commencé sa soirée. Le déterminisme social est bien resté en place dans ce périple, mais pas de là à faire regretter d’y avoir assisté car malgré ses tares, Ma Nuit transporte par son charme désuet. 

Ses flâneurs adolescents qui dissertent tout haut sur l’éternité et le va-et-vient poétique qui lie ses deux héros principaux évoquent Rohmer, une mythologie parisienne surgie du passé. Antoinette Boulat, qui a longtemps officié en tant que directrice de casting pour de grands noms, insuffle une nostalgie cinématographique qui s’accorde à celle de Marion et Alex. Plongés dans la pénombre urbaine, les deux inconnus tentent de faire communier leurs deux solitudes, avec plus ou moins de succès. Si la caméra colle au plus près du visage insulaire de Lou Lampros pour capturer la détresse de Marion, une enfant à la fois terrible et habitée, elle se tient plus à distance d’Alex, qui sonne faux de temps à autres. C’est seulement quand le jeune homme interprété par Tom Mercier délaisse ses simagrées théâtrales qu’une vraie alchimie s’opère. Elle culminera à point nommé, lors d’une amorce de dernière scène apaisée et intimiste, qui fait écho au silence de l’aube. 


Réalisé par Antoinette Boulat

Avec Lou Lampros, Tom Mercier, Carmen Kassovitz, Angelina Woreth ...

Marion, dix-huit ans, vit avec le souvenir d’une sœur trop tôt disparue. Une nuit, elle croise le chemin d’Alex, un jeune homme spontané et libre. Ils unissent leur solitude et traversent Paris jusqu’au petit matin.

En salle le 9 mars 2022

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