PETIT POUSSIN - Nadia Anebri

Plus que quelques jours avant que les votants des Césars 2022 ne rendent leur verdict. Et parmi les court-métrages en lice en figure un qui dresse le portrait sans fard d’un drame à hauteur d’enfant. En à peine vingt minutes et dix-huit secondes, Petit Poussin, de Nadia Anebri, farfouille dans les débris d’une famille sclérosée à la recherche d’une lueur d’espoir. La réalisatrice franco-marocaine, issue d’une famille d’agriculteurs, a été danseuse avant de passer à l’écriture. Elle justifie ce changement de cap, contraint par un accident de la route, par ses bienfaits thérapeutiques. Et il y a bel et bien quelque chose de l’ordre du thérapeutique dans son premier court-métrage, à l’égard de toutes celles et ceux qui n’ont jamais parlé ou jamais été crus. Maëline, 12 ans, se retrouve coincée chez elle après avoir été renvoyée du centre de loisirs, et tous les codes du huis-clos sont là pour nous retranscrire son sentiment d’étouffement. 

« La réalité est que, plus jeune, j’ai rencontré une fille qui avait subi le même drame que Maëline », explique Anebri. « Elle n’avait pas osé en parler au moment des faits, de peur de ne pas être crue par ses parents. Il y a quelques années, je me suis retrouvée dans une situation où, moi aussi, j’ai confié quelque chose à quelqu’un. Sauf que cette personne a remis ma parole en doute. J’ai presque regretté d’avoir parlé. Immédiatement, ça m’a renvoyé à cette fille, qui n’était alors qu’une enfant. Ce film est un appel au dialogue. »

L’aliénation ne se limite pas à l’enfermement entre quatre murs, elle est aussi au travail pour Brigitte, la mère de Maëline. La scène d’exposition de Petit Poussin, qui n’a finalement pas été tournée, devait la montrer dans le couvoir où elle travaille, triant mécaniquement les poussins mâles des femelles aussitôt broyés. Le film ne décrit pas tant le mal qui gangrène leur famille, mais une cohésion désagrégée, altérée par le poids du non-dit, le poids du labeur. Mais, et c’est ce qui constitue sa force première, il y a de la combativité dans Petit Poussin, dans la parole et dans l’amour, et notamment grâce au lien qu’entretiennent Maëline, sa petite sœur et Brigitte, interprétée par Claire Loth. Son charisme est à l’intersection des influences de Nadia Anebri, qui cite le court-métrage Wasp (2003) d’Andrea Arnold, mais aussi le jeu des actrices Laure Calamy, Isabelle Nanty, et Sara Forestier. Des femmes qui ont la gouaille, qui cognent quand elles jouent. Et à cet égard, Petit Poussin est loin d’avoir porté son dernier coup.


Réalisé par Nadia Anebri

Avec Alma Struve, Manon Lemoine ...

Maëline, 12 ans, enfermée dans un mutisme, a du mal à s’intégrer dans la société. Renvoyée du centre de loisirs, elle est contrainte de rester seule avec Patrick, son beau-père pour l’aider à la boucherie.

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