FESTIVAL DU FILM LIBANAIS DE FRANCE : Nos coup de cœur des films de réalisatrices 

Courant octobre s’est tenue à l’Élysées Lincoln la quatrième édition du Festival du film libanais de France, qui vise à soutenir la création cinématographique libanaise et favoriser le rayonnement du cinéma libanais en France. Au programme de cette nouvelle édition ? 40 projections, dont 25 courts-métrages en compétition,11 avant-premières, et des séances spéciales mêlant documentaires et fictions. La guerre et ses conséquences était au cœur de la programmation, et des thématiques comme l’exil, la santé mentale, la crise sociale, et les révolutions citoyennes ont également été mises en lumière. Parmi nos films coup de cœur : 


Arzé, de Mira Shaib

Le film met en scène le quotidien d’Arzé, une mère célibataire qui vit à Beyrouth chez sa sœur aînée, veuve et un brin perchée, avec Kinan, son fils adolescent. Pour subvenir aux besoins de sa famille, Arzé prépare des fatayers, de délicieux chaussons farcis qu’elle vend et qui sont sa seule source de revenus. Après avoir mis en gage le bracelet de sa sœur pour acheter une mobylette à son fils afin qu'il puisse l'aider à effectuer plus de livraisons, le pire est à venir lorsque le scooter est volé.

Le film offre alors un voyage plein de rebondissements à travers Beyrouth, chaotique mais palpitante capitale multiethnique, à la poursuite de leur mobylette disparue. Ainsi, on suit le périple d’Arzé qui fait preuve de créativité pour s’adapter aux différentes communautés composant la capitale du Levant. Tel un caméléon, elle change d’accent, porte tour à tour un hijab ou une croix chrétienne pour se fondre dans chaque quartier et retrouver le scooter. 

Film singulier, Arzé est un petit bijou qui aborde des sujets profonds avec humour, parvenant avec brio à capturer l’essence de la ville de Beyrouth et de ses habitants. 

Parfaitement maîtrisé – notons, en plus de la beauté de la photographie, ses qualités scénaristiques, ainsi que la remarquable interprétation de la comédienne Diamand Abou Abboud. 

Le comité libanais de présélection aux oscars a d’ailleurs sélectionné le film Arzé pour représenter le Liban dans la catégorie du meilleur film étranger !


Dans le cœur une hirondelle, de Rima Samman

Premier long métrage de la cinéaste,, Dans le cœur une hirondelle est une autofiction documentaire qui aborde le sujet du roman familial sous un angle multiculturel, en convoquant plusieurs médias artistiques. Cherchant à connaître l’histoire de sa famille, une jeune femme (Lina Soualem) interroge sa mère, réalisatrice (Rima Samman), sur l’histoire de ses origines libanaises. Les récits de la mère peignent une sorte de saga familiale composée d’une mosaïque colorée de souvenirs réels et imaginaires, mêlant la petite et la grande histoire, les enjeux personnels et collectifs. Cela à travers des vidéos de voyage, des archives personnelles, des extraits de films et de journaux télévisés. D’abord plausibles, les histoires racontées par la mère deviennent peu à peu improbables. Déroutée et dubitative, la fille les conteste, interrogeant sa mère sur le sens de lui léguer une mémoire collective fantasmée.

Dans le cœur une hirondelle est un film documentaire original par son hybridité, coloré et émouvant, et qui nous plonge dans l'imaginaire captivant d'un Liban peu raconté. 

La présence de la cinéaste Lina Soualem, dans le rôle de la fille qui interroge sa mère sur son histoire familiale, est par ailleurs un beau clin d’œil aux travaux de cette cinéaste franco-algéro-palestinienne qui interrogeait elle-même ses parents sur leurs racines familiales dans ses deux longs-métrages documentaires Leur Algérie et Bye Bye Tibériade, en abordant la question de la transmission au moyen d’archives personnelles et historiques.


 Valley of Exile, d’Anna Fahr

Les sœurs Rima et Nour se retrouvent au Liban après avoir fui leur foyer déchiré par la guerre civile en Syrie, leurs parents ayant été tués et leur famille dispersée. Alors que les deux sœurs tentent de tirer le meilleur parti de leur situation, elles finissent par se retrouver dans un camp de réfugiés dans la plaine de la Bekaa au Liban, où elles se lient d’amitié avec deux femmes d’origine palestinienne qui les logent dans leur abri de fortune. Tandis que Rima, qui est enceinte, veut construire un nouveau foyer avec l’arrivée de son bébé, sa sœur adolescente Nour refuse de se fixer dans ce pays où elles ne sont pas les bienvenues. Le film parvient à montrer avec réalisme l’exil forcé, le déracinement, et alerte surtout sur les conditions de vie accablantes des réfugiés. Le film a d’ailleurs été tourné dans un véritable camp de réfugiés pour donner un aperçu de leur réalité. Malgré le désespoir, Valley of Exile est aussi un film sur la force et le courage des femmes qui endurent l’impossible, et qui se lient pour aller de l’avant. Aussi, les vastes oliveraies omniprésentes, ainsi que de magnifiques levers et couchers de soleil donnent un sentiment d’espoir à ces personnages qui rêvent d'un avenir meilleur.


Agir pour le Liban

Faire un don AGIR POUR LE LIBAN :

Face à la tragédie dans laquelle est actuellement plongé le Liban, le Festival du film libanais de France s’est également associé aux initiatives solidaires, et en particulier à un collectif d’artistes qui organise une levée de fonds intitulée Agir pour le Liban afin de soutenir les associations libanaises locales qui viennent en aide aux victimes civiles des bombardements israéliens, et qu’il est toujours possible de soutenir via le lien suivant : 


Précédent
Précédent

RENCONTRE AVEC INDIA DONALDSON ET LILY COLLIAS – « Je voulais mettre en valeur les détails en apparence insignifiants d'un voyage »

Suivant
Suivant

TIME CUT - Hannah MacPherson