L’ÉTRANGE FESTIVAL 2022 : bonjour septembre !

We Might As Well Be Dead, réalisé par Natalia Sinelnikova

Le mois de septembre apporte ses températures plus fraiches après les canicules d’août. On sort les vestes, les chaussures fermées, les parapluies et on salue progressivement la belle saison. La rentrée n’est pas seulement celles des classes, c’est aussi celle du Forum des images à Paris, qui abrite, une année de plus, L’Étrange Festival, the place to be pour les amateur·ices de cinémas alternatifs.

Bienvenue dans la nouvelle antre

Qui dit « cinémas alternatifs » dit « multitudes de propositions » et les œuvres présentées sont parfois très différentes : on peut trouver, à côté d’un film d’horreur, un documentaire sur une sous-culture, ou encore une création issue d’une industrie audiovisuelle peu distribuées en France. L’Étrange Festival ce sont des films de genre, des films sur des sujets hors du commun, des films qui défendent la production non-occidentale. Cette année, on retrouve, parmi les invitées de l’évènement, l’actrice Victoria Abril et la réalisatrice Ovidie. La première, espagnole, s’est distinguée par une grande carrière entre son pays d’origine et la France, elle a été une des muses de Pedro Almodovar. Elle bénéficie, pour cette édition, d’un focus sur quelques uns de ses plus beaux rôles. La seconde a un parcours atypique, docteure en lettres, elle a été actrice dans des films pour adultes avant de passer à la réalisation. Aujourd’hui, elle se consacre davantage au documentaire et à la fiction non-pornographique, tout en poursuivant une activité de journaliste, chroniqueuse et écrivaine. Elle est connue pour son engagement féministe et sa construction d’une industrie du sexe non-patriarcale. Ovidie a présenté vendredi 9 au soir, sa carte blanche, soit une soirée « punk neuroatypique », consacrée à des musiciens neuroatypiques.

Le programme de L’Étrange Festival laisse aussi part à quelques films réalisés par des femmes – nous avons déjà pu découvrir We Might As Well Be Dead de Natalia Sinelnikova. Dans un futur proche, une communauté vit, réfugiée, dans un grand immeuble entouré d’un grand parc, lui-même entouré d’une forêt. Les candidats à la location d’un appartement sont nombreux, la sélection est difficile. Tous semblent vouloir fuir un grand danger qui prône à l’extérieur. Mais l’équilibre entre les habitants se retrouve menacé quand un chien disparaît. Ce conte philosophique suit Anna, une gardienne qui voit s’écrouler son quotidien face à l’obsession de ses voisins pour la sécurité. La mise en scène de We Might As Well Be Dead est hésitante. Non pas qu’elle soit dépourvue d’idées, au contraire, Natalia Sinelnikova expérimente l’enfermement des personnages, mais l’harmonie n’est pas toujours présente. L’écriture, en revanche, est efficace, notamment à travers de bons dialogues. We Might As Well Be Dead se pose comme observateur des mécanismes de la haine et de la naissance de boucs émissaires. C’est un film sur l’actualité, le sujet raisonne avec les questionnements politiques qui entourent l’Europe aujourd’hui et la sécurité du foyer évoque (que ce soit volontaire ou non) la pandémie de la covid-19. Oubliez cependant les grands discours métaphoriques empreints de lourdeur, l’expérience est surtout sensorielle, grâce à l’utilisation de l’espace et la peur qui naît pour l’extérieur. Présenté dans le cadre de la Compétition Nouveau Genre, We Might As Well Be Dead sera rediffusé et présenté par la réalisatrice ce dimanche 11 septembre 2022.

L’Étrange Festival se poursuit jusqu’au 18, si vous habitez en Île-de-France, notez que l’évènement se déroule, comme cité précédemment, au Forum des images, dans Les Halles. Toutes les informatiques, programmes, tarifs et autres, sont disponibles sur le site de l’évènement et celui du lieu qui l’héberge.

Le focus Victoria Abril aura lieu les 15 et 16 septembre, avec Cambio de Sexo (je veux être femme) de Vicente Aranda, Mater Amatisima de José Antonio Salgot, Personne ne parlera de nous quand nous serons mortes de Agustin Diaz Yanes et Sans nouvelles de Dieu, toujours de Agustin Diaz Yanes. Quelques autres films écrits et/ou réalisés par des femmes seront présentés, on retrouvera aussi des personnages féminins forts ou encore des œuvres mettant en lumière la communauté queer, que ce soit en compétition, dans les sélections parallèles ou encore dans les projections de court-métrages.

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