La Traversée - FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D'ANIMATION D'ANNECY

Après, pas moins, de huit courts métrages d'animation dont Au premier dimanche d’août récompensé par un César en 2002, Conte de quartier et sa mention spéciale au Festival de Cannes en 2006 ou encore un Cristal d’honneur en 2015 au Festival international du film d’animation d’Annecy, la réalisatrice Florence Miailhe revient au célèbre festival d'animation avec son très attendu premier long-métrage, La Traversée. Après dix ans de recherches de financements et trois ans de production (avec pas moins de douze animatrices : « Ce n’était pas prémédité au départ, mais l’équipe du film s’est constituée majoritairement de femmes » explique la réalisatrice) et d'écriture avec sa co-scénariste Marie Desplechin, elle dévoile un film plastique, organique et profondément vivant où un frère et une soeur se retrouvent à migrer dans l'espoir d'un monde meilleur.

Une peinture sociale

Ce qui frappe dans un premier temps dans le long-métrage c'est sa plasticité. Les couleurs captent le regard, les dessins et les peintures font vivre le récit, comme si un livre d'histoires prenait soudainement vit sous nos yeux. La cinéaste explore les territoires sous la matière qui anime le film. Ces territoires que ces deux jeunes personnes doivent traverser pour survivre. Car, si l'esthétique du film, colorée et agréable est bien présente, le récit, lui, dépeint une réalité foudroyante : « Mon mari, photographe pour l’agence Magnum revenait alors de Malte et de l’île de Lampedusa où il avait signé des reportages sur les migrants venus d’Afrique échoués sur place, à bout de forces. J’ai repensé très fort à l’histoire de mon arrière-grand-mère qui, en 1905, avait quitté Odessa pour fuir les pogroms. Le scénario de La Traversée est un pont entre passé et présent » mentionne Florence Miailhe dans une interview.

Bien que l'histoire trotte depuis douze ans dans la tête de la réalisatrice, rien d'étonnant, au vu des nombreuses actualités de ces dernières années, que le scénario ait attiré l'attention plusieurs fois sur des années différentes avant d'être enfin porté à l'écran. C'est en 2010 qu'il se fait remarquer pendant le Festival Premier Plans où il remporte déjà le prix du meilleur scénario tandis que sept ans plus tard il est lauréat de la Fondation Gan pour le cinéma.

Des regards innocents

La particularité du film, en plus de sa dimension plastique unique, c'est son récit à hauteur d'enfant. Naïf, bienveillant mais éclairant. Un point de vue nécessaire pour apporter toutes les dimensions à un sujet tel qu'est celui de la migration, de l'exil où se mêle celui du récit initiatique où les deux enfants découvrent tout en grandissant. Une qualité qui peut néanmoins être nuancée car si le récit se suffit à lui-même, la voix-off, bien que véritable guide, semble légèrement trop présente pour un public plus adulte.

La Traversée offre un récit plein de justesse où les regards des deux jeunes protagonistes révèlent, à leur hauteur, les horreurs et la beauté d'un monde où l'espoir est guide.


Réalisé par Florence Miailhe

Un village pillé, une famille en fuite et deux enfants perdus sur les routes de l’exil...

Kyona et Adriel tentent d’échapper à ceux qui les traquent pour rejoindre un pays au régime plus clément.

Au cours d’un voyage initiatique qui les mènera de l’enfance à l’adolescence, ils traverseront un continent rongé par la chasse aux migrants et devront survivre aux épreuves, à la fois fantastiques et bien réelles, avant d’atteindre un Nouveau Monde, libres.

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