RIPOSTE FÉMINISTE - Marie Perennès et Simon Depardon
Les figures de l’ombre
Produit par Claudine Nougaret, première femme cheffe opératrice du son en France, le documentaire Riposte Féministe, co-réalisé par Marie Perennès et Simon Depardon, suit les colleur‧euses féministes qui opèrent chaque nuit, à travers plusieurs villes de France. Armé‧es de colle, d’affiches et de peinture noire, iels placardent les rues de slogans féministes et interrogent la réappropriation de l’espace public par les femmes et les minorités de genre. Un acte militant anonyme, perçu à travers les regards de celles et ceux qui le font.
Au coeur d’une manifestation féministe pacifiste, la caméra est embarquée dans la foule, et navigue entre les manifestant‧es, qui chantent en coeur avec une joie communicative. Et puis, soudain la panique : les détonations fusent et perturbent la tranquillité du cortège, lancées sans raison par la police. La fête est finie. Dès son ouverture, Riposte Féministe annonce la couleur, et cherche à replacer l’indivualité des militant‧es dans un mouvement collectif. Plus qu’un simple graffiti, le collage endosse une dimension émancipatrice et particulièrement empouvoirante : au-delà du choc, les slogans permettent d’apporter un autre discours, parfois plus réconfortant (“Je te crois” qui s’adresse aux victimes de viol) pour ceux, mais surtout celles, qui croisent leur chemin.
Mais c’est surtout dans ces scènes de nuit que le documentaire se fait plus fort, accompagnées par la musique vaporeuse de Uele Lamore : à l’abri des regards, les colleur‧ses s’organisent pour envahir les rues. La compositrice dit s’inspirer ”d’une atmosphère ambient” et éviter toute “forme d’agression” afin que la musique ne “prenne pas le dessus sur le propos politique du film”. L’acte du collage renverse ainsi les pouvoirs de domination et leur permet de s’approprier l’espace urbain, pensé par et pour les hommes. Si la menace n’est jamais loin - la police qui rôde, et surtout les groupes d’hommes qui n’hésitent pas à les menacer -, iels impressionnent par leur témérité, et leur détermination à hurler la vérité, et particulièrement à pointer du doigt les féminicides.
Malgré une forme plutôt classique, Riposte Féministe tient par la force de son sujet, et montre avec beaucoup d’émotions le pouvoir du collectif et d’une nouvelle génération prête à en découdre. Un documentaire aussi émancipateur que politique, qui aura offert l’une des plus poignantes montées des marches de ce festival, déployant devant le monde entier, les noms des victimes de féminicides depuis le début de l’année.
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Remerciements à Ophélie Surelle, la SACEM et Ines Bonnet
