Le top de nos films préférés sur le BDSM
En janvier 2025, Lisa Durand, Öykü Sofuoglu, Enora Abry et Diane Lestage vous dévoilent leur sélection de films sur le BDSM, en écho avec la sortie de Babygirl de Halina Reijn.
Les Secrets de Lynn, Ingo Haeb, 2015
Disponible en VOD sur Univerciné et Amazon Prime Video
Rien de tel qu’un film avec Vicky Krieps pour démarrer l’année. Dans Les Secrets de Lynn, elle incarne la fameuse Lynn, une jeune femme timide qui trompe son ennui en se cachant sous le lit des clients de l’hôtel dans lequel elle travaille. Elle découvre la sexualité en observant la leur, et surtout celle de Chiara (Lena Lauzemis), une dominatrice avec laquelle elle va entamer une liaison. Explorant les plaisirs du voyeurisme et du sadomasochisme avec une certaine candeur, Les Secrets de Lynn livre une vision tendre et amusante des pratiques BDSM - bien loin des cravaches de Cinquante nuances de Grey et des scènes tortionnaires du Portier de Nuit - et nous rappelle que tout cela n’est qu’un jeu entre adultes consentants après tout. E.A.
Maîtresse, Barbet Schroeder, 1975
Disponible en location sur CanalVOD et UniversCiné
Sadomasochisme et accident de voiture 20 ans avant Crash de Cronenberg (bien que le roman de Ballard ai été publié en 1973) ! Film culte du milieu des années 1970, Maîtresse de Schroeder est peut-être un des seuls films français à montrer aussi frontalement les milieux BDSM. L’histoire c’’est celle d’un jeune homme prénommé Olivier (Gérard Depardieu) qui après un cambriolage raté se fait piéger par Ariane (Bulle Ogier, dans un de ses rôles plus fascinants), maîtresse dominatrice qui va enfermer le jeune homme naïf dans son donjon, lui proposant un service contre sa libération. Quatrième long métrage du réalisateur mais troisième film de fiction, Maîtresse se place à bonne distance sans juger aucune pratique et laissant fiction et documentaire se contaminer de manière cocasse puisque les figurants soumis ont été amenés sur le plateau par leur maîtresse de la vie réelle sans leur consentement. Quand une histoire d’amour, hors des rapports de dominations classiques naît, entre Olivier et Ariane, ce personnage féminin complexe et décomplexé à l’image du film, montre deux visages dans deux espaces séparés par un escalier escamotable dévoilant sous la table du salon. L’appartement bourgeois du dessus accueille cet amour classique où les rôles traditionnels se retrouvent pourtant vite inversés notamment les tâches ménagères. En bas, Ariane descend de sa loge en tenue de scène et incarne son rôle de maîtresse, là où se libèrent les pulsions humaines. Un film d’une justesse sans voyeurisme ni scandale mal placé qui affiche une modernité et rend hommage aux pratiques sadomasochistes. D.L.
La Vie selon Ann, Joanna Arnow, 2023
Disponible en VOD sur Universciné, CanalVOD, Filmo, Amazon Prime Video, Apple TV...
On considère souvent la figure de la femme soumise, historiquement et esthétiquement du moins, comme le fantasme ultime de l’imaginaire masculin. Mais La Vie selon Ann est à mille lieues des clichés érotiques de ces regards. Signé par Joanna Arnow, qui incarne également le personnage principal, le film explore les relations BDSM sous le prisme de l’humour deadpan américain. Nous suivons Ann, une trentenaire new-yorkaise, qui navigue entre différentes relations BDSM occasionnelles, dont l’une semble plus stable. Structuré comme un film à vignettes, il se distingue par une mise en scène soignée, caractérisée par des compositions statiques, où le corps et ses mouvements constituent l'essentiel des gags. Pour lire la critique complète du film : La Vie selon Ann - Ö. S.
La Secrétaire, Steven Shainberg, 2002
Disponible sur CanalVOD
Lee, jeune femme paumée et mélancolique, sort d'une institution psychiatrique après plusieurs mois de traitement. Elle regagne le cocon familial dysfonctionnel et anxiogène (père alcoolique et mère poule étouffante). Pour échapper à cet environnement toxique et arrêter de s'automutiler pour extérioriser sa souffrance psychique, elle valide une formation de secrétaire et trouve son premier emploi dans un cabinet d'avocat dirigé par le séduisant et psychotique E.Edward Grey. Rapidement, se noue entre eux une relation charnelle aux accents sado-masochistes. La Secrétaire propose un traitement assez intelligent d’un sujet franchement casse-gueule dans un écrin faussement naïf et sucré. Si les rapports sado-masochistes dans les sphères du travail et/ou du privé ont souvent inspiré les réalisateur·ices et scénaristes des traitements voyeuristes, Steven Shainberg, filme lui la libération paradoxale d'une jeune femme par la soumission et sa découverte du plaisir et de la jouissance. Cette soumission devient une alternative thérapeutique, mais aussi une voie nouvelle vers une relation intime et amoureuse. Elle est surtout l'expression plus sinueuse de la rencontre sensuelle et romantique de deux solitaires marginaux inadaptés, dans un monde uniforme, brillamment interprété par le savoureux duo de comédiens Maggie Gyllenhaal et James Spader. L.D.
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