COMPANION - Drew Hancock

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I, Robot

Comédie de science-fiction à l’esthétique rétro-futuriste, Companion embrasse les codes du revenge movie au féminin mais se contente d’un calibrage trop sage où il peine à explorer la thématique de l’empowerment féminin qu’il aborde. Épatante, la comédienne américaine Sophie Thatcher se pose comme une nouvelle icône du cinéma horrifique et fantastique.

Iris et son petit ami Josh sont invités par les ami·es de celui-ci à partager un week-end à la campagne, dans la maison de Sergueï, un riche russe excentrique (Rupert Friend dans un exercice de cabotinage assumé). L’accroche est si parfaite qu’elle est forcément empoisonnée. Le week-end paradisiaque se transforme en cauchemar quand l’hôte boomer tente d’agresser sexuellement la jeune Iris au bord du lac de la propriété. Par un twist narratif quelque peu grotesque, on réalise que le revenge movie n’aura pas lieu avec l’agresseur mais bien avec les ami·es de Josh qui ont orchestré l’agression et ont débridé le programme d’Iris pour qu’elle puisse se défendre. Iels avaient le plan de voler les quelques millions cachés dans la maison et se tirer avec le magot de Sergueï. Sidérée, Iris découvre qu’elle est une androïde de compagnie, ou, pour citer plus crûment Josh « un robot de baise ». Face au mensonge de son existence, la jeune femme, victime de la violence des humains, acquiert progressivement une conscience – comme un clin d’œil aux trois lois de la robotique inventées par l’auteur de science-fiction Isaac Asimov – et commence alors un jeu jouissif de massacre. Androïde vs humains vaniteux et vénaux. Métaphore pas toujours habile de l’éveil d’une conscience féminine, voire féministe face à la brutalité et le gaslighting d’une société patriarcale futuriste mais conservatrice.

Film pop-corn sympathique et drôle par certains moments, Companion manque quand même d’une bonne dose de fun, d’inventivité et surtout de cruauté. Il n’est pas tout à fait la comédie acide et retorse qu’il pense être. Le scénario souffre d’un ventre mou et étire son dernier acte plus que de raison. Il gratte de manière superficielle les thématiques qu’il aborde et se contente de nombreuses réflexions raccourcies. Le traitement de Josh, figure du petit ami et antagoniste option techbro incel geignard et puéril, aurait mérité une contextualisation plus poussée, surtout à l’heure où, aux États-Unis, des profils comme ceux d’Elon Musk ou de Mark Zuckerberg font pencher la balance politique et s’alignent derrière une pensée néofasciste conservatrice et masculiniste. Si son cynisme, sa violence et ses privilèges sont sous-jacents, ils ne déclenchent, une fois révélés à l’héroïne, qu’un sentiment de vengeance personnelle et non un soulèvement plus général pour la reprise des droits des androïdes ou l’amélioration de leurs conditions. Il faut tout de même souligner l’interprétation impeccable de la comédienne Sophie Thatcher, découverte dans la série Yellowjackets et le film Heretic, qui commence sérieusement à s’imposer comme une nouvelle figure du cinéma d’horreur et fantastique américain. Si le plan final, tout en libération synthétique, suppose une libération robotique plus généralisée, le film ne dépasse jamais le potentiel de ses thématiques et reste coincé dans la case du divertissement dans l’air du temps. À l’image d’un bonbon, l’emballage de la direction artistique séduit, le goût est plutôt plaisant, mais le cœur manque de mordant et le goût final d’acidité. Aussitôt dégusté, aussitôt oublié.

LISA DURAND

Companion

Réalisé par Drew Hancock

Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage

États-Unis , 2024

Josh et Iris semblent incarner le couple parfait. Mais lors d’un week-end entre amis qui vire au drame, un secret bien gardé fait tout basculer…

En salles le 29 janvier 2025

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