Notre top films sur le désir féminin

Tous les mois, la rédaction de Sorociné vous partage ses coups de cœur thématiques. En septembre, pour faire écho à la sortie d'Emmanuelle d'Audrey Diwan, Alicia Arpaïa, Mariana Agier, Manon Franken et Louise Bertin dévoilent leurs films à voir sur le désir féminin.


Bound, Lana et Lilly Wachowski, 1996

Disponible sur Canal + et en VOD

Les Wachowski ont offert au septième art de très belles scènes de sexe collectives : que ce soit la transe dans Matrix ou l’orgie sensuelle de Sense8, le plaisir y est toujours très doux, dans la communion et le respect de l’autre. Dans Bound, leur premier long-métrage, les deux sœurs abordaient le sujet de manière un peu plus frontale et individuelle, avec une liaison interdite torride. Pourquoi n’attribuer, à un thriller néo-noir, qu’une seule femme
 fatale ? Dans ce film, elles sont deux et le récit repose sur leur collaboration, elle-même issue d’une irrésistible attirance mutuelle. Même si on y enlève sa scène de sexe, il est impossible de passer à côté de la tension charnelle. L’exercice aurait pu être sacrément casse-gueule, mais Lilly et Lana Wachowski sont de sacrées cinéastes pour livrer à la fois un thriller fortement érotique et une émancipation tranchée. M.F.


Naissance des pieuvres, Céline Sciamma, 2007

Disponible sur Netflix

Avant de mettre en scène l’accomplissement du désir dans Portrait de la jeune fille en feu en 2019, Céline Sciamma en filme les prémices dans son premier long métrage Naissance des pieuvres, en 2007. Elle nous plonge dans l’adolescence de trois jeunes filles, Anne, Floriane et Marie, dont la découverte de la sexualité rythme les journées d’été passées à la piscine. Aux gestes chorégraphiés de la natation synchronisée répondent ceux, à la fois hésitants et exaltés, des corps amoureux. Entre carcans de l’hétéronormativité et éclosion du désir queer, le film donne à voir avec une grande justesse les enthousiasmes et les peurs qui traversent les trois héroïnes. Tout en pudeur, Sciamma mise sur la force des allégories et la caractérisation subtile de ses personnages pour peindre un portrait complexe de la naissance du désir féminin. L.B.



Dona flor et ses deux maris, Bruno Barreto, 1976

Disponible sur Mubi

Film emblématique du cinéma brésilien de la dictature, Dona Flor et ses deux maris est l'adaptation du livre éponyme de l'écrivain Jorge Amado. Situé dans la région de Bahia en 1943, il nous raconte l'histoire de la jeune Floripides, dont le séduisant mari Vadinho meurt de ses excès un jour de carnaval. Lorsqu'elle se remarie au sage Teodoro, le fantôme de Vadinho revient d'entre les morts pour lui rendre visite. À mi-chemin entre la comédie de remariage et le film de carnaval, Dona Flor se révèle être une fable sur le désir qui naît de l'absence et sur l'importance de cultiver le fantasme. Et il nous offre un des plus célèbres rôles de l'actrice de telenovela Sônia Braga, que l'on retrouvera 40 ans plus tard dans le magnifique Aquarius de Kleber Mendonça Filho. M.A.


Les Amoureux, Mai Zetterling, 1964

Disponible sur Mubi

Qui a dit que la représentation du désir au féminin était l'apanage d'un cinéma contemporain ? Dans les années 60, plusieurs réalisatrices osent aborder le sujet (Agnès Varda, Věra Chytilová...). La suédoise Mai Zetterling fera du désir un des axes principaux de son travail cinématographique. Quand l'actrice bergmanienne prend la caméra en 1964, elle crée ainsi le scandale au Festival de Cannes où son film est présenté. Dans Les amoureux, chronique sur la condition féminine dans la Suède du début du siècle, on suit les parcours parallèles de trois femmes, réunies par hasard dans un même hôpital au soir de leur accouchement au début de la Première Guerre mondiale. Elles viennent de milieux sociaux différents, et leur vécu sexuel est abordé sans tabou, entre érotisme, bonheur, violence et frustration. On aperçoit leurs corps désirants, pour des hommes comme pour des femmes, où le sexe n'est pas forcément lié à un lien marital, bien au contraire. Une petite révolution dans une société entrant à peine dans la période de libération sexuelle. A.A.


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