Qui a dit que la représentation du désir au féminin était l'apanage d'un cinéma contemporain ? Dans les années 60, plusieurs réalisatrices osent aborder le sujet (Agnès Varda, Věra Chytilová...). La suédoise Mai Zetterling fera du désir un des axes principaux de son travail cinématographique. Quand l'actrice bergmanienne prend la caméra en 1964, elle crée ainsi le scandale au Festival de Cannes où son film est présenté. Dans Les amoureux, chronique sur la condition féminine dans la Suède du début du siècle, on suit les parcours parallèles de trois femmes, réunies par hasard dans un même hôpital au soir de leur accouchement au début de la Première Guerre mondiale. Elles viennent de milieux sociaux différents, et leur vécu sexuel est abordé sans tabou, entre érotisme, bonheur, violence et frustration. On aperçoit leurs corps désirants, pour des hommes comme pour des femmes, où le sexe n'est pas forcément lié à un lien marital, bien au contraire. Une petite révolution dans une société entrant à peine dans la période de libération sexuelle. A.A.