Le top films de Noël féministes
Tous les mois, la rédaction de Sorociné vous partage ses coups de cœur thématiques. En décembre, Lisa Durand, Mariana Agier, Enora Abry et Louise Bertin vous dévoilent leur sélection pour Noël.
Les filles du docteur March, Gillian Armstrong, 1994
Disponible en location sur CanalVOD
S’il est moins inventif et moderne que l'adaptation de Greta Gerwig (2019), Les Filles du Docteur March de Gillian Armstrong n'a rien perdu de son charme et son sens du mélodrame américain de bonne facture. Le suranné devient ravissant dans cette relecture qui sent l'Hollywood de l'âge d'or avec option neige en studio. Mené par une espiègle Winona Ryder, cette sororie March n'a rien à envier à ses illustres prédécesseuses (Katherine Hepburn, Elizabeth Taylor,...) et à ses successeuces. Au coin d'un feu de cheminée, on s'attache aux bons mots de Jo, aux vanités d'Amy, à la bonté de Beth, à la préciosité de Meg et à la droiture morale de leur matriarche, Marmee (Susan Sarandon). Véritable capsule 90's, la distribution annonce de nombreuses jeunes carrières prometteuses (Ryder, Kirsten Dunst, Claire Danes ou Christian Bale) mais la grandeur d'âme, les convictions politiques et la bonhommie du clan March demeurent intactes, et le texte avant-gardiste de l'autrice abolitionniste Louisa May Alcott intemporel. L.D.
The Holiday, Nancy Meyers, 2006
Disponible sur Netflix
Sous ses airs de rom-com au schéma ultra-balisé, The Holiday a pourtant la place la plus haute sur le podium des meilleures comédies romantiques (hétéros) de Noël, et ce pour trois raisons. Tout d’abord parce que son duo de personnages féminins, campé par les iconiques Kate Winslet et Cameron Diaz, s’articule autour de la libération mentale et de la revalorisation de soi - une thématique incarnée par la merveilleuse Iris (Kate Winslet), dont l’arc narratif est le plus sincère et le plus touchant du film. Ensuite, parce que la réalisatrice Nancy Meyers y écrit une lettre d’amour aux actrices de l’âge d’or d’Hollywood et au pouvoir qu’elles ont sur nos imaginaires. Et enfin, parce que The Holiday se conclut sur un faux happy end, parce qu’elle n’oblige pas ses héroïnes à sacrifier leur travail au nom de l’amour. C’est aussi ça, l’esprit de Noël. M.A.
Joyeuse fin du monde, Camille Griffin, 2021
Disponible sur UniversCiné
Après avoir regardé The Holiday et Love Actually en boucle chaque mois de décembre depuis votre enfance, il est peut-être temps de passer à autre chose. Dans Joyeuse fin du monde de Camille Griffin, vous aurez également droit à votre dose de flocons, de retrouvailles chaleureuses entre familles et amis (et à Keira Knightley en prime !), mais pour une finalité bien différente. Tous les personnages le savent : personne ne survivra à ce réveillon. Un nuage toxique s’abat sur le monde entier et l’État britannique recommande aux citoyens de se suicider avant le lever du jour pour éviter de mourir dans d’atroces souffrances. Alliant habilement les codes du film apocalyptique à ceux de la comédie de Noël, Joyeuse fin du monde livre une réflexion fine et glaçante sur notre manière d’appréhender la mort. E.A.
Tangerine, Sean Baker, 2015
Disponible sur UniversCiné
Qui a dit que “films de Noël” devaient rimer avec images de flocons et scénarios balisés, le tout saupoudré d’une atmosphère feel good? Neuf ans avant sa palme d’or pour Anora, le réalisateur américain Sean Baker s’interesse déjà aux travailleuses du sexe dans Tangerine, petit joyau indé et loufoque. La veille de Noël, Sin-Dee Rella, prostituée transgenre (déjà une figure de Cendrillon moderne), sort de prison et parcourt Los Angeles pour retrouver son petit-ami Chester, dont elle a appris l’infidélité avec une femme cis. Filmé à l’iPhone en 24h, le film met en scène avec une singularité bouleversante cette épopée urbaine des marges, le long des trottoirs et des voies-rapides de la ville américaine. Ici, le réveillon est une tragi-comédie survoltée et mélancolique à la fois, où les déclarations d’amour et les insultes fusent. Merry Christmas, bitches ! L.B.