FRIDA VIVA LA VIDA - Giovanni Troilo
L'héritage Khalo
Tasses, nappes, torchons, coussins et autres éléments de décorations, le visage de Frida Khalo est devenu, en quelques années, un élément de marketing. Relayée à un motif « guimauve », Frida Khalo serait, à travers ces objets, un « rôle modèle féminin » comme l’autrice et podcasteuse Julie Beauzac l’explique dans le formidable épisode Frida Khalo, au-delà du mythe de son éclairant podcast Vénus s’épilait-elle la chatte. Visage connu et reconnu, son histoire est, quant à elle, souvent éclipsée et malmenée. Les récits sont parfois transformés au profit d’une histoire plus vendeuse qui collerait davantage au mythe que l’on aimerait entendre. C’est là qu’intervient le documentaire de Giovanni Troilo.
Photographe de métier, Giovanni Troilo a la vision d’un artiste sur une artiste. Il choisit, par le biais de ce documentaire, de faire intervenir des critiques et historien·nes de l’art pour analyser les plus grandes oeuvres de la peintre tout en mettant, en parallèle, la vie tourmentée et dramatique de celle que l’on nomme amoureusement, Frida. C’est d’ailleurs par la tragédie, celui d’un accident, que toutes les personnes exprimeront leurs connaissances sur son oeuvre. Un parti pris intéressant même si cela confronte le récit à une narration trop balisée et trop cadrée. Paradoxalement, ce choix semble nécessaire car l’étendue de l’histoire entière de Frida Khalo, est immense et peut, difficilement, faire le sujet d’un documentaire de moins de deux heures.
Si l’analyse des oeuvres est complète et fascinante, le documentaire s’offre des coupures grandiloquentes indésirables qui s’entremêlent au reste de la narration. Loin d’être agréables, ces scènes sont lourdes et privent le récit de profondeur. Entre un texte récité par l’actrice Asia Argento (qui, par ailleurs, campe très bien ce rôle) et des scènes de fiction mi-représentatives, mi-spirituelles, supposées représentées la vie de la peintre mexicaine, le long-métrage nous perd. Reste les images d’archives, trop peu nombreuses mais brillamment utilisées, bien plus en adéquation avec le reste du sujet. Si Frida, viva la vida ne séduit pas complètement sur sa forme et ses choix de narration, il reste une porte d’entrée essentielle à l’oeuvre d’une des plus grandes peintre.
Réalisé par Giovanni Troilo
avec Asia Argento
Le film présente les deux facettes de Frida Kahlo : d’un côté, l’artiste révolutionnaire, pionnière du féminisme contemporain; de l’autre, l’être humain, victime d’un corps torturé et d’une relation tourmentée. Au fil de la narration d’Asia Argento, ces deux aspects de l’artiste sont révélés par le biais des paroles de Frida, tirées de ses lettres, journaux intimes et confessions privées. Le film présente tour à tour entretiens, documents originaux, reconstructions captivantes et tableaux de l’artiste conservés dans certains des plus extraordinaires musées du Mexique.
En salle le 24 novembre 2021