SEIZE PRINTEMPS - Suzanne Lindon

Quand on a seize ans 

Suzanne Lindon a quinze ans quand elle commence à écrire son premier scénario. Celui d’une jeune fille, d’un an son aînée, qui s’ennuie dans son groupe d’ami‧es et rêve de tomber amoureuse pour la première fois. À tout juste vingt-ans, son premier long-métrage Seize Printemps voit le jour, et la jeune réalisatrice se retrouve devant comme derrière la caméra. Derrière le nom d'une toute jeune réalisatrice et scénariste se cache un premier film prometteur estampillé Cannes 2020, à la fraîcheur surannée de l’adolescence. 

Attablée au milieu de son groupe d’ami‧es, Suzanne sirote un diabolo grenadine. Les piaillements adolescents s’estompent progressivement pour laisser place à l’ennui, matérialisé par une goutte de sirop qui entache la nappe. Par sa naïveté, la métaphore prête à sourire, mais incarne pourtant dès son ouverture les tourments de son personnage. Tiraillée entre son désir d’émancipation et sa naïveté d’enfant, Suzanne est envahie par la solitude, et peine à trouver sa place dans le monde. 

Le temps de l’amour 

Suzanne, le personnage comme la réalisatrice, regarde l’adolescence avec candeur et en souligne toute la maladresse. Première soirée, première mini-jupe et première application de mascara, Suzanne Lindon s’amuse des ratages des premières fois et fabrique un personnage enfantin qui cherche à s'approprier, d’une façon un peu gauche, les codes de la société et de la féminité.Seize Printemps dessine, non sans une certaine bienveillance, le désarroi d'une jeune adolescente mélancolique et déphasée. C'est un geste plus qu'une histoire, une parenthèse enchantée et maladroite qui colle au plus près des émotions pour aller à l'essentiel, appuyé par la brièveté de ses 1h14.

La chaleur du printemps, qui illumine les rues d'un Paris qu'on croirait pittoresque, est propice aux premiers émois amoureux. La romance de Seize Printemps n’a pourtant rien d’aisée puisqu’elle mêle un acteur fauché dans la trentaine et une adolescente de quinze ans. Pourtant, Suzanne Lindon refuse l’érotisme, et filme une relation platonique à travers le fantasme adolescent et son romantisme pataud. Les mains se frôlent à peine, on ose un baiser dans le cou et un slow amoureux, mais le film tient toujours la ligne entre le songe et la réalité. La relation se consume dans une chorégraphie : plus que de la sensualité, c’est surtout l'histoire da la collision de deux êtres qui se ressemblent et qui cherchent à s’imposer dans le monde. 

Dans un cinéma pourtant référencé - on pense à Pialat et à la Suzanne de À nos amours, placardé dans la chambre de la jeune fille - et ici plutôt bourgeois, Suzanne Lindon parvient à tirer profit de l’éclat de sa jeune expérience et offre le portrait sensible et naïf de l’adolescence. Un premier film séduisant et tout en douceur, qui témoigne d'un vrai sens de la mise en scène, porté par la musique de Vincent Delerm.


seize-printemps

Réalisé par Suzanne Lindon

Avec Suzanne Lindon, Arnaud Valois, Frédéric Pierrot, Florence Viala...

Suzanne a seize ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours pour aller au lycée, elle passe devant un théâtre. Elle y rencontre un homme plus vieux qu’elle qui devient son obsession. Grâce à leur différence d’âge, ils pensent ne plus s’ennuyer ensemble et tombent amoureux. Mais Suzanne sent qu’elle risque de passer à côté de sa vie, celle de ses seize ans qu’elle avait tant de mal à vivre comme les autres.

En salle le 16 juin 2021

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