VENT CHAUD - Daniel Nolasco

Erotisme ouvrier

Sous des prédictions métrologiques tranquilles, Sandro, quadragénaire qui travaille dans les ressources humaines d’une compagnie minière, est troublé par le jeune Ricardo, qui devient son amant. Les deux hommes se retrouvent dans la nature pour donner vie à leurs fantasmes – à moins que tout cela ne soit qu’un rêve. Les envies de Sandro ne font que s’accélérer lorsqu’il apprend que Ricardo entretient une liaison avec le beau Maicon, qui fréquentent la même piscine qu’eux.

Du fantasme à la réalité

Il est difficile de parler de Vent chaud en faisant abstraction de la représentation qu’il offre. Les actrices sont des femmes transgenres, dans le rôle de femmes cis et Sandro offre une image différente du fantasme gay souvent associé à de jeunes hommes musclés, huileux, blancs, blonds et bronzés. À contrario, Ricardo et Maicon sont ces images idéalisées, purs objets de fantasmes. Ce sont des personnages qui n’existent pas réellement, toujours représentés sous le prisme de Sandro. Vent chaud colle également à une certaine réalité : celle d’un Brésil vu de l’intérieur, peu montré au cinéma, dénué de critique politique ou de cartes postales des plages de Rio. Le fantasme naît de l’esprit de son protagoniste principal plutôt de ce qui l’entoure et c’est une chose intéressante puisque le film se veut onirique, sans cesse entre rêve et réalité, au point de l’on confonde les deux. La réalité sociale n’est jamais un sujet du film mais le cadre de ce qui l’entoure, voisine des envies de cuir, de golden shower et autres représentations SM qu'imagine Sandro.

Vent tiède

Les ambitions de Vent chaud (un film érotique dans un milieu ouvrier) sont intéressantes et pourraient donner naissance à quelque chose d’éminemment sensuel si l’ensemble n’était pas si froid. La construction de l’œuvre est timide et les fétiches sont montrés sans que l’on puisse s’y associer. Vent chaud reste malheureusement glacial, avec une mise en scène trop convenue pour qu’on l’on sente l’odeur de la peau. Les éléments sont montrés mais jamais étudiés, le regard de Sandro reste distant et l’ambiance sonore reste peu probante. L’expérience sensorielle ne suivant pas les idées, l’ensemble laisse de marbre. Vent chaud tombe dans le piège du film arty, davantage poseur que généreux et c’est chose très dommage pour le potentiel de l’œuvre qui ne sait jamais partager son fantasme. Les images se veulent belles mais ne sont pas incarnées. Le film aurait sans doute davantage convenu à un thriller brut et assumé plutôt qu’à un léger drame purement érotique.

En somme, la bonne volonté que Daniel Nolasco met pour donner une représentation réaliste d’une communauté LGBT+, à mi-chemin entre des personnes rêvant d’un avenir tranquille et ceux s’associant aux fantasmes populaires, ne suffit pas.


Réalisé par Daniel Nolasco

Avec Leandro Faria Lelo, Allan Jacinto Santana ...

Sandro travaille au département ressources humaines d’une compagnie minière. A la fin de la journée il retrouve son collègue Ricardo dans la forêt avoisinante où ils ont des relations sexuelles. Régulièrement il se rend à la piscine où il fantasme sur le beau Maicon qui ne le remarque pas. Lorsque celui-ci commence à travailler dans la même compagnie, le désir de Sandro se transforme en obsession, et cela empire lorsqu’il apprend que Ricardo et Maicon ont une aventure.

En salle le 11 août 2021

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