JOLI-JOLI - Diastème

© Haut et Court

Chantonnons sous les flocons

Malgré une esthétique travaillée et des mélodies entraînantes, la comédie musicale de Noël signée Diastème rate sa cible et livre un récit creux, qu’une enfilade de clichés ne parvient pas à combler.

Au soir du Nouvel An 1977, dans les rues enneigées de Paris, deux âmes égarées se rencontrent : un écrivain fauché (William Lebghil) et une actrice (Clara Luciani) lassée par sa relation avec son producteur. Comme le veut la tradition des téléfilms de Noël, ils tombent follement amoureux en une nuit. Mais tout bascule quand le fameux producteur revient pour reconquérir sa belle en demandant à l’auteur de lui écrire une comédie romantique qui fera d’elle une vedette. S’ensuivent – bien évidemment – quiproquos et tromperies menant à une résolution qui n’étonnera personne.

Pour raconter son histoire, Diastème n’est pas avare de décors, costumes et effets de lumière. Avec les combos patte d’eph’-nœud pap’- moustache pour les hommes, et jupe courte accompagnée de sa choucroute pour les filles, le réalisateur assume son esthétique rétro et en profite pour voyager dans des endroits mythiques de l’époque, des clubs-cinéma des Champs-Elysées à la Cinecittà de Rome. Si on ne peut nier la magnificence de cet écrin (sublimé par la photographie de Vanessa Filho), il semblerait malheureusement qu’il soit vide. 

© Haut et Court

Au fil de l’intrigue qui tourne en rond bien qu’elle n’hésite pas à accumuler les personnages (entrent en scène le réalisateur, les acteurs et actrices, l’assistante de l’écrivain), force est de constater que ces derniers se dévoilent peu. Aucun d’entre eux n’existe en dehors de l’idylle qu’il pourchasse (l’assistante est amoureuse de l’écrivain, l’écrivain de l’actrice, l’actrice se rapproche de l’acteur, l’acteur du réalisateur – on en a le tournis !). Dans cette succession de relations nées de la dernière neige (temps pour tomber amoureux dans ce film estimé à 3 secondes), les hommes ont droit à leur part d’agentivité et de drôlerie, mais les femmes, quand elles ne sont pas sournoises et franchement agaçantes, se contentent d’accuser le coup.

À cela s’ajoutent des références gros sabots au féminisme (« Vous verrez, un jour, vous ne pourrez plus parler aux femmes comme ça ! » s’exclame fièrement Laura Felpin), des blagues de tontons sur la modernité (« Vous imaginez, un jour, avoir un téléphone dans sa poche ? C’est dingue ! » s’étonne un journaliste), et un traitement plus qu’hasardeux d’une romance lesbienne qui tombe comme un cheveu sur la soupe à la fin du film (y avait-il un propos ou fallait-il seulement un beau plan de baiser pour les dernières minutes ?). On retiendra tout de même de cette meringue rétro le talent de comédienne de Clara Luciani, ainsi que les musiques composées par Alex Beaupain, qui donnent malgré tout l’envie de chantonner sous les flocons.

ENORA ABRY

Joli-Joli

Réalisé par Diastème

Écrit par Diastème et Alex Beaupain

Avec Clara Luciani, José Garcia et William Lebghil

France, 2024

De Paris à Rome dans les années 70, le destin d’un écrivain fauché percute celui d’une star montante du cinéma. Leur chemin vers l’amour sera semé d’embuches, de quiproquos et rebondissements. Une comédie musicale et tourbillonnante !

En salles le 25 décembre.

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