Le top de nos films sur les luttes pour les droits des femmes

Tous les mois, la rédaction de Sorociné vous partage ses coups de cœur thématiques. En mars, pour célébrer la journée internationale des droits des femmes, Alicia Arpaïa, Lisa Durand, Mariana Agier, Margaux Baralon, Victoria Faby et Noémie Attia vous présentent une sélection en lien avec cette journée de luttes — même si le 8 mars, chez Sorociné, c’est toute l’année.


Annie Colère, Blandine Lenoir, 2022

Disponible sur toutes les plateformes VOD

En cette semaine historique, revoir les films autour du combat pour l’IVG en France est une évidence. Notre choix se portera sur le très beau Annie Colère de Blandine Lenoir. Une oeuvre hommage aux femmes du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception), dont l’importance au milieu des années 70 participa au changement de regard que la société française sur l’avortement. Combat qui aboutira quelques mois plus tard à la loi Veil. Sorti un an après L’événement d’Audrey Diwan, Annie Colère se voit ainsi comme une face B de l’adaptation d’Annie Ernaux, où la solitude des décennies passées laisse place à la sororité et l’épanouissement des femmes dans la reprise en main de la liberté de leur corps. A.A.


Bénissez nos seins, Angèle Marrey, 2024

Disponible sur on.suzane

Après avoir démystifié les règles dans le documentaire 28 jours, Angèle Marrey poursuit son travail de libération des paroles et des corps avec Bénissez nos seins. Elle analyse l'histoire des seins sous différents prismes (sociaux culturels, militant, historique,...) et décortique les multiples injonctions liées à l'apparition de la poitrine, notamment l'idée présumée d'une féminité adulte et la sexualisation/marchandisation des corps. La force de son documentaire réside dans la pluralité des interlocuteur.ices et la multiplicité de leurs expériences. La mise en scène ludique, lumineuse et intime place les sujets au cœur du film et au centre du cadre, créant ainsi un espace de confiance salvateur. L.D.


She Said, Maria Schrader, 2022

Disponible sur Netflix

Cinq ans après l’enquête du New York Times qui a révélé l’affaire Weinstein, la cinéaste allemande Maria Schrader (I’m Your Man, 2021) réalise She Said, qui revient sur les coulisses de l’enquête. Adapté du livre éponyme des journalistes Jodi Kantor et Meghan Twohey, campées ici par les actrices Carey Mulligan et Zoé Kazan, She Said n’est certes pas un objet de cinéma révolutionnaire et peut s’avérer poussif sur sa didactique des violences structurelles. Mais il a le mérite de relater avec précision la difficulté à briser le silence collectif, et de réaffirmer la prise de parole comme acte révolutionnaire — notamment par la présence d’actrices qui campent leur propre rôle et témoignent, de nouveau, par la fiction. M.A.


Les Accusés, Jonathan Kaplan, 1989

Disponible sur Filmo TV

Si la représentation du viol dans le cinéma mainstream a longtemps été biaisée et problématique, celle de la culture du viol, elle, était carrément absente. À la fin des années 1980 pourtant, Jonathan Kaplan frappe un grand coup avec Les Accusés, qui suit le destin de la jeune Sarah, violée dans un bar devant une foule d’hommes, et déterminée à obtenir justice. En montrant la culpabilisation des victimes, les méandres du système judiciaire américain qui ne favorise ni les femmes ni les plus modestes, mais aussi la passivité de l’ensemble de la société face aux violences sexistes et sexuelles, le film, qui vaudra un Oscar à Jodie Foster, décortique avec une précision clinique les mécanismes patriarcaux. M.B.


Noémie dit oui, Geneviève Albert, 2022

Disponible en VOD sur Universciné et Canal+

La réalisatrice Geneviève Albert s’attaque au sujet de la prostitution des mineures pendant la semaine du Grand Prix automobile de Montréal. Que dire ? Si ce n'est saluer le courage de proposer une expérience cinématographique qui impose d’être au plus près de la violence des corps adolescents abusés. Violent oui, gratuitement non. La réalisatrice décrit le cheminement qui pousse ces adolescentes en situation de précarité à tomber dans ces rouages bien huilées - sans manquer de marquer la culpabilité des clients, auteurs et acteurs de ces circuits. Un film essentiel. V.F.


La Belle et la Meute, Kaouther Ben Hania, 2017

Disponible gratuitement sur france.tv

Sept ans avant Les Filles d’Olfa, la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania réalisait le fracassant La Belle et la Meute, récit d’une nuit infernale où la jeune Mariam, après avoir été violée par deux policiers, tente inlassablement de faire reconnaître son viol par la police. Loin d’un misérabilisme primaire, Kaouther Ben Hania mobilise certains codes du cinéma d’horreur pour raconter la traversée de cette nuit interminable, où la lutte pour la reconnaissance de ses droits se heurte à une poursuite de zombies. Et Mariam, en final girl, de clore le film avec un plan qui enivre d’espoir, pour encore des années à venir. M.A.


L’une chante l’autre pas, Agnès Varda, 1977

Disponible sur Mubi

Quelques jours après l'inscription de la liberté d’avorter dans la constitution, rappelons-nous du chemin parcouru pour arriver jusqu’ici. Dans L’Une chante l’autre pas, Agnès Varda raconte une histoire d’amitié entre deux femmes aussi émouvante que militante, traversée par les luttes féministes précédant l’adoption de la loi Veil. Les deux amies inventent au fil des années de nouveaux modèles amoureux et familiaux, l’une en musique et l’autre en silence, liées par la force indestructible de la sororité. On apprécie les chansons féministes barrées écrites par Varda et le panorama de villages français méridionaux façon cinéma vérité. N.A.


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