12 HOUR SHIFT - Brea Grant
Cherche rein désespérément
Brea Grant est une multi-casquettes habituée aux films d’horreur. Parfois actrice, parfois scénariste, elle réalise, avec 12 Hour Shift, son deuxième long-métrage (le premier étant Best Friends Forever, à priori introuvable en France). Elle met en scène, pour l’occasion Angela Bettis, que les fans du genre ont peut-être découvert dans le joli May de Lucky McKee. Cette fois, l’actrice interprète une infirmière toxicomane, impliquée malgré elle dans un trafic d’organes. Mandy – c’est son nom-, est chargée de remettre un rein à sa cousine Regina, pour qu’elle le ramène jusqu’au réseau qui gère la revente. Mais cette nuit, Regina perd le rein. Une comédie noire qui lorgne vers le thriller se met alors en place.
12 Hour Shift pose d’emblée un contexte et un espace-temps précis : l’Arkansas, la fin des années 1990 et une nuit de garde dans une clinique d’apparence plutôt calme. Le temps est chronométré, autant par la menace des gros bras du réseau que par le principe du film. Les personnages, conçus en fonction de ce contexte, doivent donc se dépêcher de remplir leur mission (retrouver un rein) le plus vite possible. 12 Hour Shift ne dispose pas vraiment d’un rythme effréné, dépendant davantage du flegme de son anti-héroïne. C’est une idée plutôt bonne mais la position de ladite héroïne, ni observatrice ni pleinement actrice de la catastrophe qui s’annonce, étouffe le suspense qui aurait dû en naître. Les actions ne s’enchaînent pas à une vitesse assez rapide pour emporter le spectateur. Le spectateur en vient donc à avoir toujours un temps d’avance sur la situation. Le scénario expose très vite ses faiblesses, à travers une exposition un peu trop littérale, qui place tous les pions dès les premières minutes du film. Le début traîne et frustre un peu en nous laissant dans l’attente des conséquences des actes plutôt que dans l’appréciation du spectacle présent.
Si le thriller n’est pas très réussi, il nous reste une comédie noire puisque Mandy et Regina doivent retrouver un rein avant d’être rattrapées par les gros bras du marché noir. Les situations cocasses, finissent par s’enchaîner, menées par la fougue de Regina, redneck spontanée et légèrement psychopathe. La trafiquante plus ou moins écervelée rappelle, dans sa (fausse) naïveté face à ses actes violents, l’interprétation de Margot Robbie pour Harley Quinn, figure très en vogue en ce moment. Pourtant, l’ensemble reste très timide. Les personnages secondaires (autres que Mandy) sont tous extrêmement stéréotypés, et servent avant tout un comique écrit en grosses lignes. Ce choix n’est pas mauvais puisqu’il nourrit le caractère de l’œuvre mais le mécanisme auquel répond cette dernière provoque l’attente d’une irrévérence jamais atteinte. Pourtant le postulat était bon et le dernier tiers du film dispose de quelques idées comiques qui font sourire mais ne vont jamais au-delà. Les éléments qui déterminent Mandy ne sont jamais complètement utilisés et ne servent qu’à justifier une scène alors que le potentiel pour tisser davantage est bel et bien présent. Le film aurait peut-être mérité d’être plus court pour ne pas laisser paraître ses faiblesses, ou aurait clairement gagné à être plus consistant, développant ses idées pour tenir sa longueur. L’ennui ne vient jamais et, en soit, rien n’est honteux, mais le déroulement laisse la sensation de se contenter du strict minimum de sa grille alléchante.
12 Hour Shift échappe à une caractérisation industrielle grâce à la construction de son identité plutôt originale. Ce qui suit est néanmoins trop faible, ne réussissant jamais le thriller, ne fusant pas assez pour le rythme visé et étant surtout extrêmement timide. Rien n’est montré, rien n’est étudié ou poussé, l’ensemble est très superficiel. Le film n’est ni personnel ni efficace et la proposition reste mineure.
Réalisé par Bea Grant
Avec Angela Bettis et Chloe Farnworth...
Au cours d'une garde de 12 heures dans un hôpital de l'Arkansas, une infirmière toxicomane, son intrigante cousine et un groupe de criminels spécialisés dans le trafic d'organes organisent un casse qui pourrait conduire à leur perte collective.
Disponible sur Shadowz