DIS MOI JUSTE QUE TU M’AIMES - Anne Le Ny
Copyright Emmanuelle Jacobson-Roques
Un peu, beaucoup, pas du tout
Malgré une esthétique peu soignée, Dis-moi juste que tu m’aimes monte en gamme grâce à son scénario. Voyant au-delà de l’histoire d’adultère qui vire au fait divers, Anne Le Ny propose une représentation plutôt convaincante de la relation entre un pervers manipulateur et sa victime.
Marie (Elodie Bouchez) est mariée depuis quinze ans à l’homme de ses rêves, Julien (Omar Sy), mais ce dernier ne s’est jamais remis de sa rupture avec Anaëlle (Vanessa Paradis). Quand Anaëlle revient en ville, Marie craint pour son couple. Dans un moment de faiblesse, persuadée d’être trompée, elle tombe dans les bras de son nouveau supérieur hiérarchique, Thomas (José Garcia). Mais elle comprend bien vite que ce moment d’égarement va lui coûter cher puisque Thomas n’a aucune intention de la laisser mettre un terme à leur relation naissante.
Si ce synopsis de départ n’a rien de profondément original, la manière dont Anne Le Ny le développe parvient à surprendre. Déjà, en prenant le temps de poser son cadre sans le surligner maladroitement. Avec une simple scène d’engueulade à propos d’une chaudière à réparer, on entrevoit les difficultés économiques du couple, les tensions liées à la gestion des tâches du quotidien et surtout, le manque d’amour qui y règne. Ces éléments donnent immédiatement de la crédibilité aux intrigues qui vont suivre, ainsi que du relief au personnage de Marie.
Loin de caricaturer la ménagère au bord de la crise de nerfs, Anne Le Ny esquisse le portrait d’une femme effacée, rongée par ses insécurités. Bref, une proie facile pour le nouvel entrant dans la partie : Thomas. Pour tisser les liens entre Marie et lui, entre la victime et le manipulateur, le scénario coche toutes les cases avec une certaine subtilité, aidée par la performance de José Garcia. Il surjoue le confident, s’excuse de la moindre parole maladroite, contrairement au mari de Marie, et se moque avec humour de son entourage avant de se lancer dans des tirages de love-bombing. Les menaces, qu’il s’agisse du chantage affectif ou économique (il est son supérieur et peut la virer en un claquement de doigt), prennent du temps à pointer le bout de leur nez.
Là où le scénario se renouvelle et trouve son originalité, c’est dans le traitement du personnage de Marie. Celle qui était une proie facile un peu clichée se révèle beaucoup moins manipulable que prévu. La mécanique qui visait à anéantir son jugement la pousse à reprendre le contrôle de ses actions et à s’imposer jusqu’à devenir le véritable moteur de l’intrigue. Celle-ci ne se conclut donc pas avec l’habituel combat de coq final entre le mari et l’amant pour savoir qui aura le droit de repartir avec la belle. A la place, Anne Le Ny préfère terminer son film avec une séquence qui rend un petit hommage à la sororité sans en faire des caisses – et c’est tant mieux.
ENORA ABRY
Dis-moi juste que tu m’aimes
Réalisé par Anne Le Ny
Avec Omar Sy, Élodie Bouchez, Vanessa Paradis
Au bout de quinze ans de mariage, une crise met à l’épreuve l’union de Julien et Marie. Dans le couple, cette dernière a toujours été celle qui aimait le plus, aussi, au moment où Anaëlle, le grand amour de jeunesse de son mari Julien, réapparait dans le paysage, Marie panique. Perdue dans une spirale infernale de jalousie et d’autodépréciation, Marie se laisse entraîner dans une aventure avec Thomas, son nouveau supérieur hiérarchique. Celui-ci va se révéler aussi manipulateur que dangereux, jusqu’à faire basculer leur liaison dans le fait-divers.
En salles