FLO - Géraldine Danon

Copyright Metropolitan FilmExport

Un vent de liberté

Tel un raz-de-marée, FLO nous emporte aux quatre coins de la vie de la navigatrice française Florence Arthaud sans manquer de garder le cap sur son plus grand amour : la mer. Un biopic intime et solaire, sans lequel nous ne pourrions véritablement connaître celle que l’on appelait “la petite fiancée de l’Atlantique”.

Sorti au cinéma le 1er novembre, FLO est le premier long métrage de Géraldine Danon. Il retrace avec admiration la vie de la première femme à remporter la Route du Rhum en 1990, une course transatlantique en solitaire au départ de Saint-Malo jusqu’à la Guadeloupe. 

Pour Florence, la vie doit aller vite. Elle doit conduire vite, aimer vite, boire beaucoup. Ce sont ces élans de vie qui lui permettent de s’inscrire à force de courage dans l’histoire de la navigation. On décèle cette force dès les premières scènes du film lorsqu’on suit sa rééducation après un grave accident de voiture. Ce qu’elle veut, c’est vivre, scande-t-elle à son père alors qu’elle est bloquée à l'hôpital depuis des mois. Ça tombe bien, peu de temps après et au détour d’une amourette, elle rencontre son destin : être marin. 

Cette vocation, Florence Arthaud l’avait dans la peau et c’est ce qui explique le choix d’une mise en scène sensuelle. Tout un champ cinématographique du plaisir s’installe au gré de ses premières traversées : le soleil, la mer, des rires. Mais aussi des scènes de sexe, des fruits de mer, du vin, de l’amour et surtout de la vie. Les gros plans récurrents sur le sourire de Florence et sur sa chevelure décoiffée par tant de liberté confirment qu’elle est faite pour la mer. 

Sa traversée victorieuse de 1990 reste la plus belle séquence du film. Elle marque un tournant dans le rapport de Florence à la navigation. Cette scène clé d’une vingtaine de minutes dévoile la portée cathartique de sa pratique. La navigatrice va devoir affronter des tempêtes intérieures comme extérieures pour aller au bout de son rêve. Les plans de son bateau en lutte dans une mer déchaînée en sont une belle illustration : aussi simples soient-ils, ils rendent Florence petite face à la nature et grande par son courage. La fausse couche de Florence parle aussi d’une forme de sacrifice : malgré le sang et les larmes, la protagoniste continue la course au risque de sa vie, et prouve à nouveau son caractère sans compromis. Par chance, elle survit et gagne la course. Elle ouvre ainsi la voie aux autres femmes et déclare le soir de sa victoire : “Les femmes vont pouvoir relever la tête à la maison”.

Copyright Metropolitan FilmExport

Si ce biopic est celui d’une navigatrice, il est avant tout celui d’une femme, à qui l’on a barré la route de nombreuses fois. Le choix – contesté – de narrer sa vie privée nous permet de comprendre ses frustrations et son caractère passionné. Géraldine Danon confiait à Pathé : “C’était son moteur, l’amour. Quand elle n’était pas amoureuse, elle ne se sentait pas vivante. Donc j’étais bien évidemment obligée de raconter toute cette intimité au-delà de la championne et qui nourrissait cette championne.” Au sortir de sa première relation amoureuse, elle se jure de réaliser son rêve de devenir marin alors que son amant lui en avait assuré le contraire. Elle est aussi une séductrice et la représentation de sa sexualité nous éclaire sur son esprit de conquête, de la mer comme des hommes. Une sexualité moquée, qui lui vaudra un article titré “Un homme dans chaque port” et à la suite duquel son père lui demandera de changer de nom. 

Ce sont les épaules de la talentueuse Stéphane Caillard qui porte le rôle de cette femme à la forte personnalité, une actrice qui n’a pas besoin de parler pour communiquer. Son jeu intérieur nous bouleverse, notamment lorsqu’elle désespère de trouver un sponsor pour participer à la course. L’émotion monte d’abord intérieurement avant d’être extériorisée quelques secondes plus tard par des pleurs. La qualité de la scène tient à la capacité extraordinaire qu’a Stéphane Caillard de partager avec nous ce tourbillon intérieur. 

On pardonnera au film une lourdeur dans l’écriture de certains dialogues et personnages (l’attitude ultra viriliste de Kersauzon, des discours poncifs sur la vie et la liberté) devant ce portrait sincère d’une femme et navigatrice, aimée et regrettée.


VICTORIA FABY


FLO

Réalisé par Géraldine Danon

Écrit par Géraldine Danon, Yann Quéffelec

Avec Stéphane Caillard, Alison Wheeler, Alexis Michalik

France, 2023

Connue comme "la petite fiancée de l’Atlantique", Florence Arthaud fut surtout une grande navigatrice. Son palmarès exceptionnel, et unique dans cet univers masculin, connut son apogée avec sa victoire de la Route du Rhum en 1990.

Au-delà de ces exploits, FLO raconte l’incroyable destin d’une femme farouchement libre qui - après un accident de la route ayant failli lui coûter la vie - décide de rejeter son milieu bourgeois et la vie qui lui avait été tracée, pour vivre pleinement ses rêves.

En salles le 1er novembre 2023.

Précédent
Précédent

SIMPLE COMME SYLVAIN - Monia Chokri

Suivant
Suivant

LE VOURDALAK - Adrien Beau