LE GARÇON – Zabou Breitman et Florent Vassault
© Nolita
À la recherche de l’enfant perdu
À partir de photos de famille trouvées dans une brocante, les deux cinéastes se muent en enquêteurs. L’un use du documentaire pour retracer ce qu’a été la vie de ces personnes et l’autre de la fiction pour imaginer ce que l’on ne saura jamais. Un récit touchant et passionnant, malgré quelques petites redondances.
Qui n’a jamais rêvé de remonter le temps ? D’aller à la rencontre des disparus ? À la suite d’une trouvaille inattendue, de vieilles photos dans une brocante, Zabou Breitman et Florent Vassault tombent sous le charme d’un jeune garçon présent sur ces images. On l’y voit enfant, adolescent puis adulte, promenant toujours un regard rêveur. Ils se mettent à l’imaginer, font des conjectures, supposent que ce devait être quelqu’un de fragile et d’effacé. Mais qu’en est-il vraiment ? Chacun à sa manière, les cinéastes vont tenter de comprendre cet homme en allant au-delà de son visage figé sur pellicule. Florent Vassault, accompagné de sa caméra, parcourt la France à la recherche de personnes qui auraient pu le connaître et tente de le retrouver. De son côté, Zabou s’inspire des photographies, des interviews que Florent lui envoie et crée quelques scènes inventées de la vie de ce garçon (avec Isabelle Nanty, François Berléand et Damien Sobieraff). Ces deux films, réunis en un, invitent non seulement à se plonger dans un récit intime mais aussi à s’interroger sur l’importance du souvenir.
Avec ses airs de Dora Bruder de Patrick Modiano, Le Garçon captive immédiatement. On se plonge dans le récit avec un plaisir enfantin, avide de connaître les détails d’une vie qui pourtant nous est entièrement étrangère. Suivant la tradition des écrivains romantiques, qui veut que chaque individu ordinaire puisse devenir un héros, ils font de cet homme, dont ils ne connaissent même pas le nom, une véritable énigme à résoudre.
© Nolita
Avec minutie, ils mettent en scène leur processus de recherche et de création. Florent se mue en Sherlock Holmes en repérant les plus infimes détails sur les photos qui lui permettent de retrouver les lieux en se baladant sur Google Street View. Zabou, qui guide certaines parties du récit en voix off, raconte comment elle a inventé ses personnages et écrit ses dialogues en s’inspirant directement des interviews de son coréalisateur.
Même si cette manière de faire constamment communiquer les deux films (documentaire et fiction) peut parfois engendrer quelques redondances, Le Garçon demeure fascinant grâce à ses réflexions sur la postérité des existences ordinaires. Que reste-t-il de nous en ces lieux que nous avons traversés, où nous avons vécus, une cinquantaine d'années plus tôt ? Qui s’en souvient ? À travers les différents témoignages, l’homme des photos se dévoile, bien plus complexe que ne le laissait présager son regard rêveur et son petit sourire immortalisés par les polaroids.
ENORA ABRY
Le Garçon
Écrit et réalisé par Zabou Breitman et Florent Vassault
Avec Isabelle Nanty, François Berléand et Damien Sobieraff
France, 2024
Tout débute avec les photos d'une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaître. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois.
En salles le 26 mars 2025.