LIBERTAD - Clara Roquet
Plein Soleil
Sous le soleil brûlant de la côte espagnole, Nora fait la rencontre de Libertad, adolescente colombienne qui va bouleverser son été et son quotidien d’adolescente tranquille.
Conte d’été
Pour son premier long-métrage, Clara Roquet pose sa caméra sur la Costa Brava dans la ville balnéaire très touristique de Lloret de Mar. Elle y déroule une réalisation ombrageuse et sèche baignée dans une chaleur estivale étouffante.
Elle nous invite vers un quartier plus tranquille, loin du tourisme de masse et des plages bondées, au cœur des villas de vacances de la petite bourgeoisie espagnole. C’est derrière le portail de cette grande maison familiale de vacances que se jouera d’ailleurs le gros du film, sorte de récit d’apprentissage estival sur fond de lutte des classes.
Libertad (Nicolle García), adolescente expansive et rebelle foudroie les vacances de Nora (Maria Morera), adolescente plus réservée. Elles ne se quitteront bientôt plus, en véritable âmes sœurs. Des deux c’est surtout Nora qui gagnera en caractère et en affirmation, qu’elle aura acquis auprès de Libertad.
Si l’action du film se concentre principalement sur les pérégrinations des deux jeunes filles, il n’est pas en reste concernant l’autre sujet du film, celui de la lutte des classes et des figures féminines qui l’incarnent ici.
Portraits de femmes
Trois figures matriarcales se partagent la maison, d’un coté la grand-mère, Ángela (Vicky Peña) dame élégante mais sénile, et sa fille, la mère de Nora, Teresa (Nora Navas) ; de l’autre Rosana (Carol Hurtado) la mère de Libertad, employée de maison de la famille et gardienne d’Ángela .
Si tout semble en apparence bien s’accorder dans la gestion de la maison et de la grand-mère, l’arrivée de Libertad dérègle le rythme de la machine et fendille peu à peu les relations entre les trois femmes. C’est surtout Teresa, qui comme sa fille fait l’amère expérience de ce changement et fait ressortir, comme un mécanisme de défense, ses privilèges de classe. Elle s’en veut de n’être pas assez présente pour sa mère qui ne la reconnaît pas et prend sa gardienne pour sa fille mais se démène pour sauver toutes les apparences, notamment auprès de sa famille alors que son mariage prend l’eau et qu’elle aspire secrètement à ses propres désirs.
Le monde Clara Roquet est peuplée de femmes, certes les hommes y existent mais ils y évolue en périphérie, jamais vraiment les sujets du film. Ils y sont des figures un peu lâches et irresponsables. Toutes les charges mentales et émotionnelles sont prises en charge par les femmes, de la bourgeoise à la bonne, souvent par obligation.
En liberté
Comme il est coutume dans ce genre de film, le monde des adultes déçoit toujours.
Si le film peut paraître un peu usé par sa thématique et les rebondissements qu’il déroule, sa fin est quand à elle, son atout majeur. Libertad, jeune fille revêche et obstinée, y devient le personnage prophétique, libérant sa mère de l’emprise de ces employeurs, se libérant elle-même pour s’offrir un autre avenir et forçant Nora à grandir dans un tour de carte inattendu, faisant du récit un conte initiatique cruel et incandescent.
Réalisé par Clara Roquet
Avec María Morera, Nicolle García, Nora Navas, Carol Hurtado, Vicky Peña...
Espagne, l'été. Libertad fait irruption dans la vie de Nora, 15 ans et bouscule le calme habituel de ses vacances en famille. Ces deux jeunes filles que tout oppose nouent alors une amitié profonde qui marquera leur entrée dans l'adolescence.
En salles le 6 avril 2022